Ils sont quelque 2700 séropositifs en Algérie et 817 cas avérés de sida. En Algérie, il est très difficile, voire impossible de connaî-tre le chiffre exact de la pandémie du sida du fait qu'elle est qualifiée de maladie «honteuse». L'absence de communication et d'informations, l'ignorance et la superstition, le tabou qui l'entoure sont aussi dangereux, sinon plus que la maladie elle-même. Le sida, on en parle juste à l'occasion de la Journée mondiale qui lui est consacrée alors que c'est un combat de tous les jours, dans tous les milieux. Les derniers chiffres sont inquiétants. 20 millions de décès et 33 millions de personnes atteintes par le virus, 540.000 dans le monde arabe, 2700 porteurs sains en Algérie et 817 cas avérés, le sida est une véritable catastrophe humanitaire. Un ensemble d'actions tous azimuts, 365 jours par an pour prévenir, pour protéger une population très exposée parce que n'étant pas suffisamment informée. Il y a bien eu des rencontres et des colloques à travers tout le pays comme la rencontre de mars 2005 qui avait regroupé, à Alger, d'éminents professeurs et chercheurs du Maghreb et de France. Le représentant français, M.Christian Saoult avait alors axé son intervention sur le problème du dépistage et son importance dans la préservation de la santé, pour le Dr Razik du service des maladies infectieuses du CHU d'Oran, les chiffres avancés ne reflétaient pas la réalité, la maladie ne pouvant être atténuée que par un travail coordonné entre tous les professionnels de la santé. Aujourd'hui, le dépistage n'est pas encore bien ancré dans les esprits. Cette pratique équivaut pour la plupart, à un doute sous-tendu par quelque action répréhensible et mal vue par la société (homosexualité, drogue, adultère etc.) et donc, on préfère s'abstenir quitte à propager, par ignorance ou par négligence, le virus mortel. Au niveau de nos frontières sud, surtout du côté de Tamanrasset, la rumeur fait état de centaines de cas avérés de sida. On accuse l'autre, celui qui vient d'Afrique subsaharienne ou des pays du sud de l'Algérie. L'ignorance prend le pouvoir sur le savoir, sur l'information et la compréhension. La personne atteinte ou supposée comme telle, est rejetée par tous, isolée, assimilée à une pestiférée qu'il faut, à tout prix, éviter de peur de contracter la maladie. Les pouvoirs publics et à leur tête le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ont bien initié des actions allant dans le sens de la prévention, mais cela demeure insuffisant. Ce sont la plupart du temps des campagnes sans lendemain qu'on enterre très vite pour se rappeler, à l'occasion, sans pour autant prendre des mesures adéquates. Le professeur Dif de l'hôpital El Kettar, à Alger, avait annoncé en novembre 2005 qu'il y avait eu cette année-là 34 nouveaux cas de sida et 147 séropositifs, chiffre qui, en réalité, n'est que la partie visible de l'iceberg, le mal étant profond et inconnu. Depuis, ce chiffre a dû être multiplié avec toutes les conséquences que cela implique. Des associations se sont constituées et activent sur le terrain pour essayer d'enrayer cette maladie par la sensibilisation et l'information dans les milieux jeunes, dans les écoles, dans les lycées et les universités, mais l'action de celles-ci restent limitées dans l'espace et dans le temps parce que dépourvues de moyens et sans soutien financier. Elles continuent pourtant à occuper le terrain, apportant leur aide à tous ceux ou celles qui leur font appel. Ces associations sont proches des citoyens, elles peuvent facilement toucher les habitants d'une ville, d'un quartier ou d'une cité. «Il faudrait, selon un des membres de l'association Aniss (Association de lutte contre le sida à Annaba), que l'information passe, il y va de l'avenir de notre pays. Personne n'est à l'abri, l'idée que cela n'arrive qu'aux autres est dangereuse. Il faudrait que l'information se rapportant à la prévention et la protection arrive à tous, de la grande ville au petit village, aux mechtas les plus reculées d'Algérie.» Le sida, ce mal du siècle, cette épidémie incontrôlable, continue à faire des ravages dans tous les pays du monde. L'Algérie n'y échappe pas. Elle n'est pas à l'abri et ce ne sont pas les chiffres avancés qui rassurent. Il faudrait que chacun de nous respecte les mesures de prévention, ainsi il se protègera, il protégera les siens et la société entière.