Photo : Riad Par Hassan Gherab La rentrée scolaire 2010-2011 s'est faite sous tension, comme de tradition, mauvaise, ces derniers temps. A la grève des intendants qui gèlent le fonctionnement des établissements - la moindre dépense (approvisionnement des cantines, achat des livres et autres équipements, jusqu'à la craie) devant être visée par l'intendant - est venu se greffer le problème de la double vacation. Pour soulager la pression sur les CEM trop encombrés et éviter la surcharge des classes, le ministère de l'Education n'a pas trouvé mieux que de se défausser sur les écoles en y réquisitionnant des salles de cours où seront affectés des élèves des CEM.Solution transitoire, palliative ? Que non, c'est du bricolage pur et simple. Nous en avons eu un échantillon dans les écoles de Baba Hassan, petite ville de plus de 25 000 habitants à l'ouest d'Alger (qu'on continue de considérer et même de gérer comme le village qu'il était il y a vingt ans). Devant un des établissements scolaires de cette ville, l'école Ahmed-Taïbi, les parents d'élèves, à l'initiative du président de l'association des parents d'élèves, Azzeddine Hirache, sont rassemblés pour discuter du problème des classes qui seraient affectées à l'un des deux CEM. En fait, il n'y aura point de discussions. Tous les présents s'accordent sur le refus de voir encore l'école «amputée» de plus de la moitié de ses classes (six classes sur les onze que compte l'école ont été réquisitionnées pour le CEM l'année dernière). Le président de l'association des parents d'élèves explique que la circulaire ministérielle spécifie que la réquisition des classes devait toucher d'abord les écoles les plus proches du CEM surchargé. Or, tel ne fut pas le cas à Baba Hassan. L'école Ahmed-Taïbi, bien que située à l'autre bout de la ville, a été la seule à recevoir les élèves du CEM, alors que les trois écoles situées dans le voisinage immédiat de ce CEM, dont une avait même des salles de cours vides, n'ont rien cédé, sans que la Direction de l'éducation n'y trouve à redire.Refusant cet état de fait, les parents d'élèves de l'école Ahmed-Taïbi ont décidé d'adresser une correspondance à tous les responsables de l'éducation locaux et centraux, dans laquelle ils diront leur refus de voir l'école de leurs enfants transformée en annexe du CEM. «La seule concession que nous ferions sera d'accepter l'affectation de deux classes, à la condition que les trois autres écoles situées dans le voisinage du CEM en fassent autant», dira M. Hirache. Une délégation s'est déplacée hier pour remettre la correspondance aux responsables de l'éducation locaux. Au CEM où les délégués des parents d'élèves pensaient trouver le directeur de l'éducation, on apprendra que toutes les écoles recevront des classes du CEM et que cet établissement accueille près de 1 600 élèves, soit près du triple de sa capacité d'accueil qui est de 600 élèves. Ce n'est plus un encombrement, mais un débordement qu'il faut, certes, gérer. Mais soulager un établissement en surchargeant d'autres n'est ni une solution ni un palliatif. On n'aura fait que transférer le problème du CEM aux écoles qui deviendront ses annexes. Car les directeurs de ces écoles n'auront d'autre choix que celui d'opter pour la surcharge des classes ou d'instaurer la double vacation. Et les deux options poseront problème pour les instituteurs, dans le premier cas, et pour les élèves, dans le deuxième cas. Quelle serait donc la solution ? Pour Baba Hassan, un deuxième CEM, qui peut encore accueillir des élèves, existe. Mais il est éloigné et la zone où il est situé n'est pas sécurisée (des élèves ont été victimes d'agressions). Un transport d'élèves et une sécurisation des alentours sont donc nécessaires. Une autre solution réside dans l'affectation de la nouvelle école, située à la sortie de la ville, comme annexe du CEM. Mais là surgit le problème du statut de l'établissement qui est la propriété de l'APC ; problème qui pourrait aisément être résolu si les responsables y mettaient un peu de bonne volonté. Enfin, la solution véritable et durable est dans la finalisation du projet de construction d'un nouveau CEM, qui est au point mort depuis trois ans à cause de dissensions entre les différentes parties concernées par le projet. En fait, ce sont pas moins de deux CEM et un deuxième lycée qu'il faut pour que cette petite ville puisse assurer à tous ses enfants une scolarité dans les meilleures conditions. Et ce qui est valable pour Baba Hassan l'est aussi pour d'autres villes, d'autres villages et d'autres écoles. Le ministère de l'Education ne peut se vanter d'avoir réalisé ses objectifs tant que la double vacation, la surcharge des classes et des programmes ainsi que la chute du niveau scolaire minent l'école algérienne.