Photo : S. Zoheïr Par Smaïl Boughazi Le gouvernement a décidé de remettre de l'ordre dans le secteur de la distribution des médicaments. En effet, selon l'instruction n° 446 datée du 23 mai 2010, émanant du Premier ministère et adressée aux directeurs régionaux du commerce, dont nous détenons une copie, les producteurs locaux de médicaments sont, désormais, tenus de constituer leurs propres réseaux de distribution. Dans le même document, il est fait état également de l'interdiction de la distribution par les grossistes de médicaments fabriqués localement. Autrement dit, les producteurs locaux de médicaments sont dans l'obligation de vendre directement leurs produits aux officines pharmaceutiques. Il semblerait que cette décision répond à un objectif bien précis, à savoir mettre un terme au diktat imposé par certains distributeurs et grossistes, mais également, selon certains, agir sur le coût du produit local souvent ignoré ou vendu à des prix exorbitants. Cependant, cette décision pourrait contraindre les producteurs à mettre la main à la poche pour investir dans la constitution de réseaux de distribution. Il faut préciser, en outre, que notre pays n'est pas le seul à agir de la sorte. D'autres pays l'ont déjà fait comme la France, le Maroc… Il est utile de rappeler que le gouvernement a décidé récemment, dans la loi de finances complémentaire 2010, de soutenir ces producteurs en exonérant la production locale de la taxe sur les activités professionnelles (TAP). Ce qui s'apparente à une série de mesures allant dans le sens de la réorganisation du secteur en protégeant le produit national. A rappeler que, selon un responsable du ministère de la Santé, le ministère a mené des enquêtes à l'échelle nationale en déployant 180 inspecteurs, et a procédé au retrait d'agréments à certains distributeurs du médicament ayant provoqué des situations de monopole. Le président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP), Amar Ziad, en s'exprimant mardi dernier sur les ondes de la Radio nationale, n'a pas mâché ses mots. Il a reconnu en fait que des importateurs monopolisent certains créneaux du marché où règnent aussi l'absence de contrôle, l'anarchie et les pénuries. S'agissant de la production locale, selon les chiffres fournis par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, elle couvre 37% du marché actuellement. Et les objectifs du secteur sont de diminuer progressivement les importations pour arriver, en 2014, à une production nationale couvrant 70% des besoins. La promotion des unités algériennes de production pharmaceutique figure parmi les priorités tracées dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, avait encore précisé le ministre, indiquant que l'Algérie a importé pour 2 milliards de dollars de médicaments en 2009.