Si l'on en croit les dires du premier responsable de l'éducation nationale, des efforts soutenus sont déployés par ses services pour améliorer sensiblement les conditions de prise en charge sanitaire des enfants. Pour cette rentrée scolaire 2010-2011, 1 404 médecins, 1 151 dentistes, 564 psychologues et 1 785 infirmiers sont mobilisés à travers 1 243 UDS (Unités de dépistage scolaire) à travers le pays. Parents démissionnaires Un nombre relativement important, en comparaison avec les années précédentes mais qui reste encore insuffisant pour couvrir les besoins de tous les enfants scolarisés. Ceux qui sont dans les régions les plus enclavées des wilayas du Grand Sud, parfois même celles du Nord, de façon particulière. Pour le ministre, cela importe peu. L'essentiel, c'est qu'il y a des améliorations d'année en année. Ce qui est vrai. Si l'on effectue toutefois un tour dans les établissements scolaires à Alger et ailleurs, et que l'on interroge les enfants et leurs parents, il est déplorable de constater que le suivi sur le terrain est peu probant. Les cours d'éducation sanitaire attendus de ces médecins et autres encadreurs sont dispensés à de rares occasions. Les visites médicales sont aussi rares et occasionnelles. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que le travail de ces UDS s'arrête au diagnostic. Au constat. Les médecins de l'UDS font le suivi de la situation épidémiologique, ce qui est une bonne chose pour les statistiques nationales, les études et les recherches en la matière. Quant au suivi de la santé de l'enfant, cela est laissé au gré des parents. Si le père ou la mère décide de prendre son enfant chez le dentiste pour soigner une dent cariée, c'est tant mieux. Si ce n'est pas le cas, ils la laisse la dent «pourrir» jusqu'à ce qu'un dentiste des urgences médicales de la structure de santé la plus proche l'arrache carrément. Pourquoi perdre du temps et de l'argent à soigner une dent qui pourrait être remplacée par une autre ? L'enfant est jeune, ses dents aussi. Laisser-aller, négligence, manque de temps, manque d'argent… tant de facteurs qui favorisent l'émergence et le développement de certaines affections chez l'enfant. Quand un chirurgien-dentiste d'une UDS fait le diagnostic d'une dent cariée chez un enfant, il lui remet un papier, signifiant clairement aux parents la nécessité d'une consultation spécialisée mais des parents prennent l'ordonnance et la mettent dans les tiroirs si ce n'est pas dans la poubelle. Ce qui se passe pour les cas de caries dentaires est aussi vrai pour d'autres affections qui, à la longue, peuvent devenir des maladies chroniques, contraignantes, voire handicapantes. En effet, des enfants ont fini par développer des bronchites chroniques et de sérieuses crises d'asthme, alors qu'ils auraient pu être guéris définitivement s'ils avaient été pris en charge à temps. D'une petite affection à un grand handicap D'autres souffrent de scoliose, alors qu'ils auraient pu garder le dos droit s'ils étaient suivis par des médecins et obligés par leurs parents à se tenir de la bonne manière devant leur table d'écolier. Des problèmes sérieux de baisse d'acuité visuelle auraient pu aussi être évités si les parents obligeaient leurs enfants à porter leurs lunettes au lieu de les jeter parce qu'elles leur font mal. Il y a aussi ces problèmes de souffle cardiaque que des parents auraient pu traiter quand la personne atteinte est encore jeune… au lieu de reporter chaque fois la date de l'opération et développer des complexes à cause d'une cicatrice en pleine poitrine. C'est un handicap sérieux pour les femmes. D'autres exemples, encore plus sérieux et angoissants, sont à citer. Les parents ne sont pas les seuls à incriminer. Ces médecins et ces infirmiers des UDS ont aussi leur part de responsabilité. Une grande part de responsabilité. Car, même s'ils ne sont pas tenus de traiter, eux-mêmes, la maladie, ils ont pour obligation de s'assurer que les parents de l'enfant s'en occupent. Cela ne se fait pas. Peu d'unités de dépistage scolaires effectuent des visites régulières dans les établissements et peu de médecins et de paramédicaux s'inquiètent de l'état de santé d'un enfant. Le manque de personnel est souvent évoqué pour justifier cette défaillance. Celui du matériel aussi, en particulier le transport. Rappelons, à ce propos, qu'une seule UDS travaille pour plusieurs établissements à la fois. Aucun établissement ne dispose de son unité propre. Cela est compréhensible dans la mesure où il n'y a pas assez de personnel pour s'occuper exclusivement des enfants. Il est toutefois regrettable de constater que dans de nombreux établissements, il n'y a même pas d'infirmerie, ne serait-ce que pour les petits accidents qui surviennent lorsque les enfants jouent ou font du sport. Côté psychologique, la situation est plus critique. En ces temps de «problèmes dysfonctionnels dans les familles algériennes», de soucis d'argent et de manque de communication entre les enfants et les parents, les enfants ont grandement besoin d'une assistance psychologique, s'accordent à dire des proches du domaine. Malheureusement, sur le terrain, ces psychologues se manifestent peu, mais ce n'est pas de leur faute, devrions-nous dire. C'est aux deux ministères de l'Education nationale et de la Santé d'examiner sérieusement cette question et de prendre, alors, les mesures qui s'imposent. Prévenir vaut mieux que guérir, nous ne cesserons jamais de le répéter. Nos structures de santé regorgent de malades…Pas besoin d'en rajouter d'autres. K. M.