Avec 529 morts depuis le 1er janvier, l'année en cours est déjà, en neuf mois à peine, l'année la plus meurtrière pour les forces étrangères depuis la chute du régime des talibans fin 2001, chassés du pouvoir par une coalition militaire emmenée par les Etats-Unis. En moyenne, deux soldats meurent chaque jour en Afghanistan. L'année 2009, avec 521 morts, avait déjà été, de très loin, l'année la plus sanglante pour les troupes étrangères, confrontées depuis trois ans à une intensification considérable de l'insurrection des talibans. La grande majorité des victimes dans les rangs des forces étrangères, qui totalisent 2 097 morts en neuf ans, sont des soldats américains, qui composent aujourd'hui plus des deux tiers des quelque 150 000 hommes de la coalition présents sur le sol afghan. De 60 morts en 2004, le bilan avait grimpé à 131 tués en 2005, puis 191 en 2006, 232 en 2007, 295 en 2008, avant de faire un bond à 521 en 2009. Le rythme vertigineux des pertes actuelles en Afghanistan est comparable aux pires mois de la guerre en Irak, entre avril et juin 2007. A l'époque, les Etats-Unis avaient également envoyé des renforts en Irak et mis en œuvre une nouvelle stratégie. Les civils afghans sont, bien sûr, les premières victimes du conflit en Afghanistan qui a fait des milliers de morts. Depuis un an au moins, les opinions publiques au sein de la quarantaine de pays qui composent l'Isaf, Etats-Unis en tête, sont devenues de plus en plus hostiles à l'envoi de leurs soldats dans ce bourbier sanglant. Le syndrome afghan n'est pas loin. Certains gouvernements pensent retirer ou annoncer le retrait de leurs soldats. Le 1er août dernier, le contingent néerlandais ouvre la voie. Il s'agissait du premier des gros pays pourvoyeurs de troupes de la force de l'OTAN à quitter l'Afghanistan. Le contingent canadien partira en 2011 et les Britanniques parlent de 2014. Le président américain Barack Obama a fixé, lui, à juillet 2011 le début du retrait des troupes américaines. L'objectif des forces affiché de l'OTAN est de passer le relais aux forces afghanes d'ici fin 2014. Une montée en puissance de l'armée et de la police afghanes demeure un véritable défi pour le président en place Hamid Karzai. Mais les observateurs doutent fortement que les forces de sécurité afghanes soient capables de prendre la relève. R. I.