Le ministre de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières oblige tout laboratoire ou fournisseur étranger désirant traiter avec l'Algérie à s'y installer. «Nous exigeons de chaque laboratoire intéressé d'être un vrai partenaire en s'installant en Algérie», a décrété Djamel Ould Abbès, jeudi dernier, en marge d'une séance de travail avec une délégation d'entreprises polonaise, rapporte l'APS. «Nous avons des compétences et de l'argent. Ceux qui veulent traiter avec l'Algérie, dans le cadre du plan quinquennal, doivent savoir que nous avons besoin de fabrication du médicament, de vaccins et d'équipements médicaux dans notre pays», soutient-il. Le ministre de la santé poursuit : «Le transfert des technologies est impératif pour nous. Notre préoccupation est la diversification de nos partenaires. Nous exigeons, donc, que l'installation et le montage se fassent chez nous.» Ould Abbès ne détient pas vraiment la primeur de ce discours. Pris entre les impératifs de garantir l'accès aux médicaments, matériel médical et produits pharmaceutiques, d'une part, et d'alléger en même temps la facture d'importation et celle de la CNAS, d'autre part, l'Etat, par saccades, apporte des correctifs à sa politique du médicament. L'ouverture du marché aux privés dès 1991 et l'arrivée massive d'opérateurs nationaux et étrangers (une centaine d'opérateurs) n'ont pas eu l'effet escompté sur la production du médicament en Algérie. La valeur de la production locale qui représente 37% du marché reste en deçà des attentes - Ould Abbès vise à atteindre les 70% à l'horizon 2014. La facture d'importation des médicaments a atteint 2 milliards de dollars en 2009 contre 1,85 milliards en 2008. Dès 2008, un arrêté ministériel du 30 octobre obligeait les importateurs de médicaments et les laboratoires à déposer un projet d'investissement dans les six mois qui suivent leur souscription aux cahiers des conditions techniques à l'importation (obligatoire). Les opérateurs exerçant actuellement en Algérie ont certainement dû s'y conformer, mais combien ont réellement investi ? En instaurant la préférence nationale, avec l'interdiction d'importer des médicaments produits localement, la réorganisation des réseaux de distribution par l'obligation faite aux producteurs de distribuer eux-mêmes leurs produits et cette nouvelle exigence faites aux opérateurs étrangers de s'installer en Algérie, l'Etat est en train d'impulser une nouvelle dynamique au secteur. «Il faut établir des liens durables avec les opérateurs en pharmacie et dialoguer avec eux pour trouver les moyens de les soutenir afin qu'ils participent au développement national», avait préconisé le ministre il y a quelques semaines.C'est donc une question de développement national. D'autant que le plan quinquennal 2010-2014 prévoit une enveloppe de 280 milliards de dinars au profit du secteur de la santé, soit 8% du PIB. «Nous avons besoin de 57 structures et de 57 appareils de radiothérapie pour cancéreux dont un seul coûte entre 120 et 250 millions de DA», déclare le ministre, précisant que son ministère ainsi que celui de l'Habitat vont procéder au lancement d'un appel d'offres. Concernant la coopération avec la Pologne, Ould Abbès révèle que la délégation de chefs d'entreprise dirigée par le président de la Chambre polonaise de commerce, M. Andrzej Arendarski, a proposé d'investir dans deux projets importants concernant le matériel chirurgical et orthopédique pour la réparation des accidentés ainsi que le matériel concernant l'hygiène des hôpitaux. Par ailleurs, le ministre a indiqué que le secteur compte 73 000 équipements médicaux, dont 10 000 de qualité élevée et non utilisés et plus de 5 000 équipements en panne. S. A.