Plusieurs secteurs industriels ont connu ces dernières années des difficultés énormes. En raison de l'emballement des importations anarchiques dans tous les domaines, certaines industries sont même comptabilisées aujourd'hui parmi les secteurs qui risquent de disparaître à jamais du paysage économique. Ainsi, après une période marquée par une industrialisation tous azimuts suivie par une crise économique aiguë, certaines industries vitales à l'économie du pays n'arrivent même pas à assurer le minimum vital, revendiqué par le marché algérien. Il faut admettre cependant que les raisons ayant causé cette situation sont endogènes et exogènes. Le textile aujourd'hui est une preuve vivante de l'agonie qui caractérise l'industrie nationale. Ce secteur a été lourdement affecté par les importations notamment chinoises. Le textile, l'exemple vivant Certains industriels n'attendent que le jour où l'on annoncera sa mort subite. De 1 900 entreprises qui activaient avant les années 1990, ce créneau n'en compte qu'une centaine ou un peu plus actuellement. Une preuve des souffrances qu'endurent les professionnels du secteur. Sa production a également reculé d'environ 40%. Quant aux effectifs perdus par le secteur, selon des statistiques, on les évalue à 67 %. En effet, la crise que connaît ce secteur ne date pas d'hier, puisqu'elle est apparue suite à l'ouverture du marché aux produits étrangers. Actuellement, on estime que l'Algérie importe près de 90% de ses besoins en textile. Et selon une étude réalisée il y a quelques années, le secteur aurait besoin de 120 milliards de DA d'investissements cumulés d'ici 2010 pour créer au moins 42 000 nouveaux emplois et préserver les postes actuels. L'industrie du papier traverse, elle aussi, une crise jamais vue. En raison de l'échec des privatisations des unités étatiques, la production nationale a régressé énormément et les besoins du pays sont assurés principalement par les importations. Dans l'agroalimentaire, c'est le créneau de la tomate industrielle qui a subi un coup dur ces dernières années. Les importations ont été aussi mises à l'index après les souffrances qu'a connues cette industrie. Selon le ministère de l'Agriculture, sur les 17 unités que compte la filière, seule une douzaine continue à fonctionner avec une capacité de 10 000 tonnes/jour. Rappelons que le chiffre d'affaires des Conserveries algériennes tournait autour de 15 milliards de dinars, en 2005 avant de chuter. 100 000 emplois assurés par cette filière sont aussi en proie à une crise sans précédent. Cependant, après un coup de pouce venu des pouvoirs publics, cette filière a vu sa production passer presque au double entre janvier et août 2010, dépassant les 6,6 millions de quintaux contre 3,8 m/q durant la même période en 2009, selon un bilan du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Cette performance signe la relance, semble-t-il, de cette activité après des années de crise. L'action du gouvernement A l'image du textile ou du papier, ils sont des dizaines de secteurs à connaître des tracasseries durant ces deux dernières décennies. Cependant, depuis 2006, les pouvoirs publics ont décidé de reprendre les choses en main, et ce, à travers la mise en place d'une stratégie industrielle toujours en cours et qui promet de mettre sur les rails bon nombre de secteurs industriels. Ainsi, après avoir épongé les dettes de quelques entreprises nationales, l'Etat a mis en place des mécanismes pour développer ces industries. Et dans ce cadre, 20 000 entreprises seront mises à niveau durant les cinq prochaines années. Globalement, le gouvernement a retenu des wilayas- pilotes qui vont bénéficier de zones intégrées de développement industriel et, par la suite, elles seront matérialisées en tant que réseau regroupant dans un cadre de partenariat, les opérateurs économiques de divers secteurs, les entreprises publiques et privées, les centres de recherche, les administrations, les universités, les centres d'innovation, et ce, de manière à avoir une densité plus grande d'administrations et de centres de recherche sur tout le territoire national.Pour le nouveau ministre de l'Industrie, la volonté du gouvernement de développer les industries du pays est bel et bien là. Le ministre estime que le développement des industries mécaniques, sidérurgiques et électroniques est une priorité. Le représentant du gouvernement a déjà entamé un examen des différentes entreprises industrielles publiques. Les PME, l'autre chantier Bien que sa vision diffère de son prédécesseur, Benmeradi compte maintenir la position forte de certains secteurs et mettre à niveau et adopter une autre politique pour les secteurs souffrants. Cependant, malgré toute cette stratégie, il faut noter que les industries en voie de disparition, et elles sont plusieurs, attendent toujours un signal fort de la part des pouvoirs publics. Les PME et les artisans, qui arrivent aujourd'hui à garder en vie certaines petites industries, nécessitent aussi un appui. En effet, les PME offrent l'image d'une multitude de microentreprises familiales, indépendantes et déconnectées les unes des autres, concentrées pour leur majorité dans le commerce. En raison d'une situation économique donnée, les entrepreneurs se sont concentrés aussi dans certains secteurs porteurs et ont délaissé d'autres secteurs à forte valeur ajoutée. Mais pour les responsables du secteur, malgré cette concentration, il y a parallèlement la possibilité de développer des partenariats notamment dans des activités comme la transformation de produits de la pêche, l'automobile et la mécanique, l'électronique et l'informatique, la transformation agroalimentaire, etc. Des mesures ont été également prises dans le cadre du quinquennat en cours visant notamment la facilitation de l'accès aux financements au profit des PME algériennes. Il va sans dire que la relance de l'industrie du pays reste un défi colossal à relever durant les prochaines années. S. B.