Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Le débat sur le climat des affaires en Algérie reste toujours d'actualité. Opérateurs économiques comme observateurs de la scène tentent régulièrement d'évaluer ce paramètre décisif pour les politiques économiques mais également de l'attraction des investissements étrangers. Ainsi, on assiste souvent à des évaluations qui, dans certains cas, restent relatives dans le fond étant donné la complexité du dossier. Plusieurs paramètres influent sur cet élément décisif. Rappelons que, l'année dernière, le gouvernement a décidé de corriger quelques orientations économiques qui touchent essentiellement au créneau de l'importation et le secteur productif du pays. Une batterie de mesures ont été prises dans ce cadre. Les pouvoirs publics avaient justifié cette nouvelle politique par la hausse effrénée des importations du pays. Ce qui représente, en soi, un danger imminent à toute la structure économique. Le gouvernement a aussi opéré des réajustements qui ont touché le volet production en favorisant notamment le secteur industriel local et les entreprises publiques. De la sorte, l'Algérie a dressé un bouclier face à la crise économique mondiale, d'une part, et tenté de mettre sur les rails un secteur privé encore à ses premiers balbutiements, d'autre part. Après plusieurs mois, ces nouvelles orientations refont surface. Ainsi, le président du Forum des chefs d'entreprise, (FCE), M. Reda Hamiani, n'a pas mâché ses mots récemment en estimant que «l'orientation prise vers un retour graduel à la gestion administrée des importations est une mauvaise solution.» En d'autres termes, le FCE pense que la politique économique actuelle du gouvernement est marquée par le gonflement exponentiel du budget d'équipement de l'Etat. Une situation qui ne profite que marginalement à l'entreprise algérienne et, par voie de conséquence, ne produit que peu de résultats en termes de croissance économique, selon la même source. Si le FCE a dit tout ce qu'il pensait de la situation actuelle de l'économie, il n'en demeure pas moins que d'autres paramètres devraient être inclus pour connaître réellement l'environnement dans lequel exercent les différents secteurs économiques. Ainsi, il est utile de rappeler les conclusions du dernier rapport de la Banque mondiale qui pointe du doigt les nombreuses difficultés rencontrées par les investisseurs dans le domaine de la création d'entreprises. Le document a classé en fait l'Algérie à la 136e place sur les 183 évalués dans le cadre du classement des meilleurs élèves dans le domaine des facilités accordées à l'investissement. En effet, le critère de la création d'entreprises est important, selon la BM, parce qu'il renseigne sur le niveau de croissance d'un pays. Le même critère est également révélateur pour l'indice création de richesses et d'emplois. «Ce sujet examine les conditions de création d'entreprises. Le nombre d'étapes, la durée et les coûts requis d'une société à responsabilité limitée pour pouvoir légalement commencer son activité», souligne le rapport de la Banque mondiale qui explique le rôle de ce critère lié à la création d'entreprises. La BM, qui considère que le climat des affaires est «un levier indispensable pour la création de richesses et le développement de l'entreprise privée», a souligné que les difficultés multiples auxquelles font face aujourd'hui les entreprises en matière de crédit, de foncier, de fiscalité par exemple, alourdissent le climat des affaires et pénalisent l'investissement. Le calcul de la qualité du climat des affaires tient en compte plusieurs indicateurs et indices économiques, selon l'institution multilatérale. Il s'agit, entre autres indices, de conditions de création d'entreprises, d'octroi de permis de construire, d'embauche de travailleurs, de transfert de propriété, d'obtention de prêts, de protection des investisseurs, de paiement des impôts, de commerce transfrontalier, d'exécution des contrats et de la fermeture d'entreprises. Bien que ce dossier soit discutable en raison de plusieurs éléments qui peuvent influer sur l'environnement économique, il faut dire que le talon d'Achille de l'économie en Algérie est toujours le secteur privé qui n'arrive pas à décoller et ce, malgré un appui considérable de la part des pouvoirs publics. Le secteur privé n'a pu, malheureusement, opérer sa mue et ce, en raison principalement des mentalités qui restent figées. La plus grande majorité des entreprises algériennes sont familiales, ce qui prouve sans l'ombre d'un doute que la logique des patrons reste toujours le bénéfice immédiat. Même si son évolution a été considérable depuis la fin des années 1990 (il représente 55% de la valeur ajoutée, hors hydrocarbures, selon certaines sources), ce secteur n'a pu arracher son indépendance en mettant sur pied de véritables industries qui peuvent générer de la valeur ajoutée. Il y a lieu, enfin, de noter que notre pays compte actuellement un peu plus de 350 000 PME privées. Leur financement s'opère sur fonds propres ou par le biais de crédits bancaires. Selon les responsables bancaires, sur les «2 700 milliards de dinars de crédits à l'économie accordés par les banques en 2008, 90% sont allés aux entreprises, toutes formes confondues. Les PME représentent dans ce total 40 à 45%». Ce qui démontre que les blocages rencontrés souvent par les PME commencent à disparaître. Aujourd'hui, le défi auquel est confronté ce secteur est de suivre l'évolution technologique, de se mettre à niveau et s'intégrer dans le tissu économique national et mondial.