Les pénuries de médicaments font désormais partie du quotidien du citoyen, celui-ci se retrouvant régulièrement dans l'impossibilité d'avoir un traitement tel que prescrit par un médecin. En dépit des déclarations des différents responsables qui nient l'existence de ruptures de stocks, la réalité est palpable au niveau des officines dont les rayons se dégarnissent, les pharmaciens eux-mêmes se plaignant de ne plus pouvoir assurer complètement une ordonnance faute de médicaments. Ce ne sont pas les citoyens qui les démentiraient, eux qui éprouvent toutes les peines du monde à réunir ne serait-ce que l'essentiel pour leur thérapie. Qui n'a pas connu, et plus d'une fois, ces allers-retours d'une pharmacie à une autre, ainsi que le recours à des personnes un peu plus chanceuses pour dénicher le (ou les) médicament(s) nécessaire(s) aux soins ? La situation est encore plus problématique lorsqu'il s'agit de produits vitaux contre des maladies graves, comme c'est le cas des cancers. L'indisponibilité des médicaments anticancéreux risque d'avoir de graves conséquences si celle-ci persiste dans le temps, le cri de détresse des malades en est la parfaite illustration. Au niveau des autorités sanitaires, il est affirmé que le problème relève beaucoup plus d'une mauvaise distribution provoquée par les importateurs qui détiennent le monopole du médicament. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière répète à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas de pénurie et que l'acquisition se fait régulièrement. Quoi qu'il en soit, les retombées d'une politique qui a longtemps laissé les produits pharmaceutiques à la merci de spéculateurs sont désastreuses pour les personnes atteintes de maladies chroniques et pour les cancéreux. Des pharmacopées nécessaires à la chimiothérapie et au traitement des cancers sont introuvables, tout comme la morphine qui calme un tant soit peu la douleur. C'est dans ces conditions que la maladie évolue jusqu'à atteindre un seuil critique qui finit par le décès du malade. L'encouragement de la production locale destinée à réduire la facture de l'importation des médicaments constitue pour les pouvoirs publics une panacée à ces pannes répétées, alors que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) aura toute latitude d'importer des médicaments afin d'en pourvoir les établissements hospitaliers. L'optimisme du premier responsable du secteur devrait se concrétiser sur le terrain, les malades n'ont qu'une vie et sa préservation dépend de la disponibilité des traitements. R. M.