Le représentant du ministère de la Santé exclut toute perturbation en matière d'approvisionnement le 1er trimestre 2009. M. Abderahmane Boudiba, expert en pharmacie auprès du ministère de tutelle, estime que la santé du citoyen algérien n'a pas de prix. C'est par cette phrase qu'il justifie la facture du médicament évaluée à quelques jours de la fin de l'exercice 2008 à plus de 1,5 milliard de dollars. Pour lui, les Algériens ont le droit de se soigner. Il faut mettre ainsi à leur disposition les thérapeutiques nécessaires. Néanmoins, il faut rationaliser les dépenses, précise-t-il, sans pour autant rationnaliser les thérapeutiques. L'argument qu'il avance pour expliquer la hausse de l'enveloppe d'importation a trait au vieillissement de la population, notamment la tranche de citoyens dépassant 40 ans d'âge et qui sont de ce fait exposés aux maladies chroniques. La création d'un tissu de plus en plus étoffé de structures sanitaires à travers le territoire national et le recrutement de praticiens spécialistes de la santé publique, argue-t-il, concourent également à l'augmentation de cette facture. Il déclare que la valeur annuelle du traitement d'un Algérien ne dépasse pas 60 dollars, alors que dans d'autres pays, elle avoisine les 3 000 dollars. Pour le représentant du ministère, il n'y a pas de pénurie de médicaments essentiels dans les hôpitaux. Mais il reconnaît l'existence de rupture de stock ou un manque dans l'approvisionnement de certaines structures en produits pharmaceutiques. “On ne peut toutefois parler de pénurie à travers tout le territoire national”, affirme-t-il. Les programmes d'importation prévisionnels pour l'année 2009 sont, selon M. Boudiba, finalisés au ministère et seront remis incessamment, c'est-à-dire durant la semaine en cours. Cet expert nie de manière catégorique toute perturbation sur le marché pendant le 1er trimestre 2009. Car, chez les laboratoires, il est recensé un stock prudentiel d'au moins trois mois tel qu'exigé par la tutelle. Dans le cadre des réformes pour lesquelles s'est engagé le département de M. Saïd Barkat, il est prévu, indique cet expert, la mise en place d'une nomenclature hospitalière qui mettra à la disposition des malades des médicaments de façon régulière au sein des unités sanitaires. Il insiste que les produits pharmaceutiques existent dans les structures. “Un malade hospitalisé ne doit pas acheter ses médicaments à l'extérieur de l'hôpital” Mieux, le ministère a mis en place, ajoute-t-il, un texte réglementaire autorisant certains produits à être utilisés même s'ils ne sont pas encore enregistrés. Il s'agit de l'autorisation temporaire d'utilisation (ATU). Ce qui garantit davantage, souligne M. Boudiba sur les ondes de la radio Chaîne III, la disponibilité des médicaments. Or, on assiste souvent à des situations où des malades hospitalisés reçoivent des ordonnances de la part de leurs médecins traitants pour l'achat de médicaments pour leur traitement à l'extérieur de la structure hospitalière. “Normalement, on ne doit pas prescrire des médicaments pour un achat à l'extérieur. Quand un patient est hospitalisé, il doit être pris en charge totalement dans son traitement”, indique M. Boudiba qui invite tout malade hospitalisé, à qui l'on a prescrit une ordonnance pour un achat de médicaments, à saisir le ministère. L'exception est cependant faite pour les produits indisponibles. Et là, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), par le biais de la cellule d'urgence, ramène, précise cet expert, ces produits et les dispense aux patients au sein des ces unités hospitalières. Par ailleurs, la liste de produits interdits à l'importation est, selon lui, composée à 70% de produits essentiels destinés à des maladies chroniques liées à la cardiologie, certaines maladies respiratoires, aux affections digestives. Les opérateurs locaux se sont engagés à fabriquer ces produits. La tutelle s'est dotée d'un système de surveillance via des praticiens inspecteurs qui se sont déplacés vers ces industriels pour constater de visu la fabrication réelle de ces produits conformément aux engagements qu'ils ont pris afin de répondre à la demande nationale. En outre, M. Boudiba tient à rassurer les citoyens que les produits issus de l'importation sont contrôlés de manière rigoureuse lot par lot. Comment expliquer le fait que les pouvoirs publics veulent encourager la production nationale, alors que l'insuline fabriquée par le groupe Saidal n'arrive pas à trouver acheteur sur le marché ? Abderahmane Boudiba répond : “Si Saidal s'engage à satisfaire l'ensemble de la demande nationale en insuline, ce produit sera interdit automatiquement à l'importation.” Badreddine KHRIS