De notre envoyé spécial à Sétif Smail Boughazi Relever le défi pour assurer la sécurité alimentaire. Tel est le message transmis jeudi dernier par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors de sa visite dans la wilaya de Sétif. Mais pour atteindre cet objectif, le ministre a voulu baliser le terrain aux agriculteurs qui devraient, selon lui, faire un effort supplémentaire pour améliorer le rendement dans certaines filières stratégiques. Pour le ministre, l'Etat a mis tous les moyens pour réussir ce pari et «la sécurité alimentaire est possible». En fait, si les deux dernières saisons (2008/2009 et 2009/2008) ont été consacrées à l'organisation des filières et au recentrage des outils de travail, l'année agricole, qui débute, sera consacrée à l'application sur le terrain des mesures prises. L'agriculture, en d'autres termes, va entrer dans le processus de la modernisation, puisque le secteur va faire appel à la connaissance et au savoir-faire qui seront apportés par le Programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique (PRCHAT), pour lequel l'Etat va consacrer une enveloppe de 24 milliards de DA par an et mobiliser toutes les compétences et infrastructures scientifiques et techniques dont dispose le pays. Concrètement, les agriculteurs vont introduire les dernières techniques utilisées dans le secteur telles que le semis direct qui sera généralisé cette année à Sétif. Cette nouvelle technique consiste à semer sans pratiquer de labours. L'irrigation d'appoint est aussi sur le point d'être généralisée à Sétif, et ce, pour parer aux aléas climatiques restant le seul obstacle qui hante les agriculteurs. Sur ce point, Rachid Benaïssa a appelé les céréaliculteurs à généraliser cette technique pour améliorer les rendements à l'hectare et sortir de la dépendance du déficit en pluviométrie. «L'action de l'irrigation d'appoint est une action importante dans un pays comme le nôtre», a-t-il insisté. Outre la mécanisation de l'agriculture, un autre chapitre, et non des moindres, figure aussi parmi les priorités du secteur. Il s'agit de la vulgarisation qui reste le point faible du secteur. Benaïssa l'a d'ailleurs souligné lors de son intervention à Sétif. Densifier la vulgarisation des techniques agricoles Il a estimé que sur une population d'agriculteurs estimée à 3 millions, seulement 200 000 ont été touchés par cette action, et uniquement 20 000 agriculteurs étaient en contact permanent avec les formateurs. Est c'est pour cela que tout un programme a été élaboré pour les prochaines années. Il s'agit de l'amplification des programmes de formation, d'apprentissage, de démonstration et de vulgarisation des techniques agricoles au bénéfice de 250 000 à 300 000 acteurs dans le secteur (agriculteurs, éleveurs et opérateurs économiques). Il s'agit aussi de la densification de la carte nationale d'implantation de centres de formation, d'expérimentation, de recherche, de démonstration et de généralisation des techniques. En chiffres, pour l'année en cours, le département de l'Agriculture a programmé des visites conseils à une population agricole et rurale estimée à 50 000 et des journées de démonstration au nombre de 1500 et qui cibleront une population estimée à 15 000. Des sites de démonstration pour la réalisation de 480 sites et champs écoles figurent aussi sur la liste ajoutée à la production et à la diffusion de supports écrits et spots et d'émissions télévisuelles. L'autre chapitre, qui revêt une importance cruciale pour le ministère, est celui de l'interconnexion dans les espaces de concertation et de dialogue que consacrent les conseils interprofessionnels créés à cet effet dans chaque filière. Le ministre a souligné à ce propos que «l'approche filière constitue un axe important de la nouvelle politique agricole parce qu'elle met en place les conditions d'une responsabilisation partagée». Pour le foncier, qui a été pendant des années un cauchemar pour les agriculteurs, la loi sur le foncier agricole, qui vient après la loi d'orientation agricole adoptée en août 2009, est «un évènement très important pour notre agriculture», a souligné le ministre. Loi sur le foncier agricole : un appel à l'investissement Il considère ainsi qu'elle est venue «clarifier encore les conditions d'utilisation des terres et mettre fin à une grande période de tâtonnement et de doute». Pour le ministre en charge de l'agriculture, ce texte constitue un appel à l'investissement et à l'introduction de la technologie. Il «assoit aussi la vision de l'Algérie en matière d'utilisation rationnelle des terres agricoles du domaine privé de l'Etat». Cette loi sécurise les acteurs et crée les conditions sereines et favorables qui permettent aux uns et aux autres de participer à relever le défi de la sécurité alimentaire. Si le ministère est sur tous les fronts pour faciliter la tâche aux vrais créateurs de richesses, il faut admettre néanmoins que la désorganisation qui avait régné dans le secteur pèse toujours sur le rendement des différentes filières. A titre d'exemple, la wilaya de Sétif, classée deuxième en termes de production des céréales après Tiaret avec 2,5 millions de quintaux de céréales et la première pour la production du lait avec 41 millions de litres, est loin de ses capacités réelles. Et c'est pourquoi, le ministre devant les agriculteurs s'est montré intransigeant notamment sur ce qui touche à la concertation qui doit avoir lieu entre les différents intervenants dans cette filière. Pour le ministre, l'Etat a mis tous les moyens à la disposition des agriculteurs. «Il faudrait que les acteurs de base comprennent leur intérêt. Les prix incitatifs sont faits pour qu'on puisse avoir un niveau de production minimale», a-t-il dit. Globalement, il y a lieu de noter que le message transmis par le ministre à l'occasion du lancement de l'année agricole à Sétif est sans l'ombre d'un doute très clair et direct. La sécurité alimentaire est possible mais avec le concours de tous les acteurs qui interviennent dans le secteur.