L'importance de l'investissement agricole pour la sécurité alimentaire a été soulignée lors de la journée mondiale de l'alimentation. Dans ce sens, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a affirmé, jeudi, à Alger, que la rénovation de la gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale n'aurait pas d'incidences durables sans l'orientation des investissements vers l'agriculture et le développement rural dans les pays du Sud. Le ministre indiquera, lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de l'alimentation 2009 tenue à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) dans ce sens que "la nécessaire rénovation de la gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale resterait en effet sans incidences durables si des investissements conséquents voire massifs, ne sont pas orientés, tel que le préconisent la FAO et les institutions internationales, vers l'agriculture et le développement rural dans les pays du Sud". Et d'ajouter que même l'aide alimentaire, qui est un devoir de solidarité internationale, reste une réponse insuffisante sur les plans social, économique et politique. M. Benaissa a estimé par ailleurs que le thème retenu cette année pour la célébration de cette journée (atteindre la sécurité alimentaire en temps de crise) atteste de la gravité de la situation et des défis majeurs qui sont lancés à la communauté internationale. En effet, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 75 millions en 2007 et d'environ 40 millions en 2008 et ce chiffre devrait encore s'accroître de 105 millions en 2009, à cause de la persistance de la crise économique mondiale, selon les chiffres de la FAO. Pour l'Algérie, la crise alimentaire mondiale survenue en 2007-2008 a permis de créer une prise de conscience collective des enjeux et une volonté politique conséquente. A ce sujet, M. Benaïssa a indiqué que la nouvelle politique agricole, lancée il y a un peu plus d'une année par l'Algérie, devrait doter la pays des capacités opérationnelles qui doivent lui permettre d'assurer à terme sa sécurité alimentaire. Les résultats obtenus par la céréaliculture et la production laitière ont eu, d'ailleurs, "une incidence positive sur nos importations et sont donc significatifs d'une baisse sensible de la facture des importations alimentaires", a-t-il souligné. Notons que dans un message adressé à l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation, le secrétaire général des nations unies, Ban Ki Moon a estimé qu'au cours des deux dernières années, " la volatilité des prix des denrées alimentaires, la crise économique, le changement climatique et les conflits ont entraîné une hausse spectaculaire et inacceptable du nombre de personnes qui n'ont pas l'assurance de disposer des aliments dont elles ont besoin pour vivre, pour travailler et pour s'épanouir. Pour la première fois dans l'histoire, plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim ". Il estime dans ce sens que " nous devons répondre aux besoins des affamés, en premier lieu en mobilisant un appui politique et financier adéquat pour l'aide alimentaire d'urgence. En deuxième lieu, nous devons investir dans la production et la distribution de denrées alimentaires ". Il est à rappeler que la FAO a estimé récemment que l'agriculture des pays en développement aura besoin d'investissements de l'ordre de 83 milliards de dollars par an dont 20 milliards pour la production agricole, 13 milliards pour la production animale et 50 milliards pour la création notamment d'installations de transformation et de stockage. Cette organisation regrette le fait que la volonté politique et les ressources financières nécessaires pour un investissement massif dans le secteur agricole "n'ont pas été au rendez-vous de la solidarité humaine".L'augmentation des populations ne disposant pas de nourriture dans le monde rend l'objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015, de plus en plus difficile, selon la FAO.Dans ce sens le SG de l'Onu estime que " les défis à relever pour assurer la sécurité alimentaire exigent un engagement multilatéral, de la créativité et du leadership. En ces temps de crise, j'encourage toutes les nations à suivre des stratégies coordonnées et globales de développement agricole et de protection sociale de sorte que les personnes vulnérables - en particulier les femmes et les enfants - puissent recevoir les aliments dont elles ont besoin pour leur sécurité nutritionnelle et pour leur bien-être ". D.T.