Mettre un entraîneur étranger à la tête d'une sélection africaine ne semble plus être une fatalité... Du moins, on peut le croire. Car, depuis l'échec global de l'événement «Coupe du monde en Afrique» et le départ de techniciens comme Paul Le Guen, Milovan Rajevac ou encore Sven-Göran Eriksson, force est de constater que certaines fédérations commencent doucement à envisager l'installation de techniciens locaux à la tête de leurs équipes. Simple utopie ou ce songe – finalement attendu par beaucoup – peut-il devenir une réalité ? L'ancien système qui vise à remplacer un entraîneur européen par un autre dès l'échec d'une équipe africaine serait-il en sursis ? Possible mais ce ne semble pas être le cas partout. Du côté du Cameroun, on a privilégié la méthode «traditionnelle». Certes, le nouveau sélectionneur des Lions indomptables n'est autre que Javier Clemente. Certes, son expérience à la tête de nations comme l'Espagne sera, sans nul doute, un apport non négligeable à Samuel Eto'o et ses coéquipiers. Mais, comme bon nombre de ses prédécesseurs, il va devoir s'adapter au football du continent noir, avec ses avantages sur le terrain et ses inconvénients souvent, eux, en dehors, et cela prend du temps ! Après le Mondial raté, en partie par les choix tactiques mis en place, des voix, dont certaines proches de la FECAFOOT, se sont élevées pour demander la nomination d'un entraîneur local. Espoir naissant avec Jacques Songo'o qui a assuré – brillamment – l'intérim après le départ de Le Guen. Coaching payant pour l'ancien gardien des Lions dont l'équipe a signé un cinglant 3 à 0 aux dépens de la Pologne en amical. Mais, apparemment insuffisant aux yeux des dirigeants camerounais qui ont jugé bon de le débarquer. Zahoui, Benchikha, Shehata... Scénario différent du côté de la Côte d'Ivoire après le départ de Sven-Göran Eriksson, dont l'équipe aura sans doute été dans la poule la plus difficile du Mondial. François Zahoui, ancien attaquant ivoirien d'Ascoli, a pris le relais. Visiblement concluant, avec une victoire 1-0 sur l'Italie en amical et surtout un 3 à 0 sans bavure contre le Rwanda lors du premier match des éliminatoires de la CAN 2012. Séduisant dans ses prises de décision, Zahoui a obtenu la confiance de ses dirigeants pour continuer l'aventure avec les Eléphants. D'ailleurs, Jacques Anouma, le président de la FIF, estimait que cela pouvait être «une autre thérapie à la crise de résultat» de la Côte d'Ivoire. Et de l'Afrique en général ? Reste comme interrogation le choix que vont prendre les dirigeants de la Fédération ghanéenne pour pallier le départ de Milovan Rajevac. La réussite dont ont fait preuve les Black Stars pourrait inciter Kwesi Nyantayi, le président de la GFA, à s'orienter à nouveau vers un entraîneur européen. Mais, dans les noms des potentiels prétendants, celui de Marcel Desailly, ghanéen d'origine, apparaît comme une alternative intéressante. Même son de cloche au Nigeria où les anciens internationaux Samson Siasia et Stephen Keshi tiennent la corde pour succéder au Suédois, Lars Lagerback. Quoi qu'il en soit, le problème du «sélectionneur local» n'est pas le même sur tout le continent africain. Les pays du Maghreb nomment fréquemment des techniciens issus du pays, comme l'Algérie dont les dirigeants ont choisi Abdelhak Benchikha pour remplacer Rabah Saâdane. Autre exemple, l'Egypte, maître quasi incontestable du football africain actuellement, doit incontestablement ses derniers succès en CAN à son sélectionneur Hassan Shehata. Alors, qu'est-ce qui empêche aujourd'hui les équipes d'Afrique noire d'en faire de même ? Le prestige d'avoir un entraîneur venu d'ailleurs ? Le sentiment d'infériorité face aux maîtres tacticiens européens ? Le manque de confiance en la formation de leurs propres entraîneurs ? La question est posée... In afrik.com