Photo : M. Hacène Par Hasna Yacoub Le patron du géant russo-norvégien Vimpelcom, Alexander Izosimov, a offert hier à Alger de céder le fleuron de la téléphonie mobile en Algérie, Djezzy, à «un prix équitable» d'environ 8 milliards de dollars. «Nous sommes tout à fait ouverts à une vente si l'acquisition se fait à un prix normal, si cela se fait pour un prix équitable», a-t-il déclaré en marge du forum russo-algérien organisé à l'occasion de la visite d'une journée du président russe Dmitri Medvedev à Alger. Le prix équitable, a-t-il dit, «se situe quelque part aux alentours de 8 milliards de dollars». «C'est 7,8 milliards de dollars», précisément, a-t-il ajouté. Vimpelcom avait annoncé, lundi dernier, l'achat de 100% de l'italien Wind et 51% de l'égyptien Orascom, dont Djezzy est sa filiale en Algérie, au milliardaire égyptien Naguib Sawiris afin de créer le 5e groupe mondial des opérateurs de mobiles. «Si le gouvernement insiste, nous serons naturellement prêts à considérer la vente de cet actif au gouvernement», avait-il dans un premier temps déclaré aux journalistes qui accompagnent le président Medvedev. «Il est difficile de faire des prévisions. Pour nous, il est important que les relations entre la compagnie et le gouvernement se normalisent», avait ajouté le magnat des télécoms. Il est à rappeler que Naguib Sawiris, le P-DG d'Orascom Télécom Algérie, a assuré lundi dernier, lors d'une conférence de presse au Caire, qu'il «respecterait» toute décision du gouvernement algérien de contrôler sa filiale Djezzy. Mais cela ne devrait changer en rien la donne pour l'Etat algérien qui a affirmé par la voix de son ministre de l'Industrie de la Petite et Moyenne entreprise et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi, que tout changement dans l'actionnariat d'OTH «ne saurait remettre en cause les engagements déjà pris de céder Orascom Telecom Algérie (OTA) à l'Etat algérien». Le ministre a rappelé que «les négociations en cours entre l'Etat algérien et les propriétaires du groupe OTA n'étaient pas du tout remises en cause. Ce sont deux opérations distinctes. La première concerne une transaction entre deux holdings internationaux et la seconde concerne une procédure de cession de droits d'une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l'Etat algérien d'exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d'actions de la société OTA envisagée par la société mère». Il est vrai qu'aujourd'hui, l'Etat algérien devrait négocier avec le nouveau patron russe vu que le milliardaire égyptien n'a pas vendu mais a conclu, sous la coupe du holding italien (propriétaire principal d'OTH), un accord de fusion de ses activités de télécommunications avec le russo-norvégien Vimpelcom. Il existe donc un nouvel actionnaire principal d'OTH avec lequel l'Algérie dont le droit de préemption sur la cession de Djezzy reste valable, devra négocier. L'Etat aurait pu avoir le droit de reprendre Djezzy dans le cas d'une fusion ou cession de la majorité des parts d'OTH dans le cas où il avait mentionné des clauses y afférentes dans le contrat initial. En cédant les parts d'OTA à Vimpelcom, Naguib Sawiris échappe, en quelque sorte, à la négociation directe avec l'Etat algérien. Car l'Etat algérien a déjà refusé la cession d'OTA au groupe sud-africain MTN. En plus de ce refus, Djezzy a fait l'objet de deux redressements fiscaux et elle a déjà payé 600 millions de dollars en attendant de régler une dette de 230 millions de dollars. Faut-il préciser également que le président de la filiale OTA a été convoqué par la police, à la suite d'une plainte de la Banque Centrale d'Algérie, dans le cadre d'une enquête portant sur des infractions à la législation sur les changes. La Banque Centrale d'Algérie estime que les prestations portant sur le change et les transferts des devises réalisées entre 2007 et 2009 sont entachés d'irrégularités. Naquib Sawiris avait accusé l'Etat algérien d'exercer des pressions sur sa filiale algérienne. Les propos de Sawiris n'ont pas laissé indifférents en Algérie et le ministre de la Poste et des Nouvelles technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, n'a pas manqué de préciser lors d'une intervention à la radio qu'«aucune pression n'est exercée par l'Algérie sur OTA» affirmant que l'Etat algérien ne fait que «veiller à l'application du droit algérien. Ce même droit qui a permis à OTA de créer une société en Algérie».