De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani C'est à la tête de 3 000 travailleurs, venus de tous les ateliers et unités du complexe sidérurgique, que Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat ArcelorMittal, a franchi hier vers 11 heures le premier poste de garde de l'usine pour se diriger droit vers le siège du syndicat, rouvert après avoir été fermé pendant près de deux mois. Les vingt membres du Comité de participation (CP), à l'origine des événements qui ont secoué le complexe, ont été chassés par les ouvriers qui ne voulaient plus d'eux et avaient demandé de nouvelles élections. Vers 5 heures du matin, le mot d'ordre de grève générale a été donné et les SMS ont remplacé les contacts habituels. L'information a très vite circulé pour toucher tous les travailleurs. Au niveau de l'usine, plus aucun bruit, aucune machine ou installation n'était en activité et même au port, les chargements et déchargements des navires étaient suspendus. Tout était donc paralysé et l'on s'acheminait vers une grève générale et illimitée qui aurait eu de graves conséquences sur tout le complexe, l'économie locale et même nationale au vu du volume des activités de l'usine. La direction qui avait tenté hier de calmer les esprits, en invitant les travailleurs à reprendre leurs postes, n'avait pas pu, malgré l'insistance de M. Vincent Legouic, directeur général du complexe, convaincre les protestataires intraitables sur la question du retour du secrétaire général du syndicat. Une impasse qu'un groupe de travailleurs a dépassé en prenant en main la situation. Ils prirent sur eux de ramener jusqu'au poste de garde le secrétaire général du syndicat qui était hors de l'usine ; là les protestataires qui campaient devant les directions des différents ateliers et unités ont accouru le soutenir et le conduire au siège pour l'y installer. «Nous avons attendu trop longtemps et nous espérions qu'un arrangement entre les deux parties allaient être trouvé et que tout rentrerait dans l'ordre, nous lance un des travailleurs, mais nous sommes arrivés à une situation de blocage et nos représentants ont été empêchés par la force d'exercer leur activité, ce pourquoi ils ont été élus, d'autant plus que nous attendions beaucoup des négociations qui avaient été interrompues. Nous avons donc pris notre destin en main ; c'est une révolution et c'est un octobre ouvrier.»Ce retour triomphal de Kouadria à la tête du syndicat d'ArcelorMittal, porté par des milliers de travailleurs prêts à le défendre envers et contre tout, marque la fin d'un conflit qui aura duré près de quatre mois entre le CP et le syndicat et qui aura secoué tout le complexe sidérurgique puisque des travailleurs se sont dressés contre d'autres.