Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Hier, le complexe sidérurgique d'El Hadjar ainsi que les points de vente extérieurs et l'unité portuaire étaient complètement paralysés par la grève à laquelle a appelé le syndicat d'entreprise ArcelorMittal. Toutes les unités et ateliers de l'usine étaient à l'arrêt et aucune activité n'est à signaler, excepté le service minimum qui continue à être assuré. Il faut signaler toutefois que les agents de sécurité affectés aux sites stratégiques sont sur le qui-vive et contrôlent tout de crainte que quelque acte de malveillance ou de sabotage ne soit commis. Hier vers 9 heures du matin, ce sont près de 5 000 travailleurs en tenue de travail qui avaient accouru à l'appel lancé par leur syndicat à un regroupement devant la direction générale du complexe pour protester contre le refus du groupe ArcelorMittal de réhabiliter la cokerie, unité clé de l'usine avec la PMA, les hauts fourneaux, les laminoirs et les aciéries. Dans son discours développé en présence des ouvriers, M. Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, a insisté sur la nécessité de lancer le plan d'investissement 2010-2014 initialement prévu mais que le groupe ne veut visiblement pas concrétiser sur le terrain, hésitant et différant son lancement effectif. «Ce qui est étonnant, lance-t-il à l'adresse de l'assistance, c'est que le groupe Sider, détenteur de 30% des actions n'ait pas réagi à cette situation malgré la menace qui pèse sur l'ensemble des installations du complexe devenues vétustes et qui doivent être réhabilitées sous peine d'être déclassées et abandonnées. L'heure est grave et il faudrait que chacun prenne ses responsabilités, la nôtre est de lutter et de mobiliser nos travailleurs autour de cet objectif et nous le faisons, il faudrait que les pouvoirs publics interviennent pour contraindre l'employeur à tenir ses engagements en reconduisant la convention signée entre les 2 parties et qui prend fin en octobre 2011.» Dans la foulée, le secrétaire général rappellera à l'assistance que l'usine avait travaillé à perte pendant 5 mois parce que le marché national avait été inondé par des «beznessa» (affairistes) qui avaient importé des produits sidérurgiques à partir de pays européens, lesquels pays avaient subventionné ces produits pour faciliter leur exportation. «Chez nous, les pouvoirs publics doivent s'impliquer davantage pour sauvegarder près de 6 500 postes de travail directs, il y va de notre économie et de notre production nationale.» Les travailleurs qui avaient suivi le discours de bout en bout étaient déjà convaincus de la justesse de l'action de leur syndicat et ne demandaient qu'à suivre leurs leaders qui s'évertuaient à leur expliquer la situation réelle du complexe et les conséquences d'un arrêt prolongé de la cokerie. A la fin du meeting, le collectif syndical a appelé à une marche qui sera organisée demain si d'ici là la direction générale ou les pouvoirs publics ne réagissent pas positivement à la plate-forme de revendications diffusée lundi dernier. Cette marche de 5 km démarrera du siège de la direction générale et sortira du complexe pour se diriger vers leur siège du groupe Sider à Chaiba (Sidi Amar) où aura lieu un meeting. Le syndicat d'entreprise qui a engagé cette bataille pour préserver son outil de travail et les postes d'emploi y afférents a eu le soutien de tous les syndicats de la zone industrielle de Sidi Amar qui se disent solidaires de son action et comptent l'assister en cas de besoin. Côté direction générale, on observe un mutisme total face à cette situation dangereuse qui peut déboucher sur des dérapages incontrôlables. Un pourrissement est à craindre au vu de l'attitude adoptée par l'employeur. Ce qui est sûr, c'est que celui-ci attend un geste des pouvoirs publics qui pourrait l'encourager à entreprendre les investissements programmés et reconduire ainsi la convention dans les mêmes conditions. Selon des informations confidentielles, une étude lancée par le gouvernement fait état d'un besoin de 11 millions de tonnes d'acier sur le marché national à l'horizon 2020. Si d'aventure le complexe sidérurgique venait à s'arrêter, ce serait une véritable catastrophe aussi bien sur le plan économique que social.