Le gouverneur de la province de Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, a été tué hier avec 15 autres personnes par l'explosion d'une bombe dans une mosquée où il participait aux prières du vendredi, a indiqué la police, citée par les médias. «Nous ne savons pas s'il s'agissait d'une action suicide ou si la bombe avait été placée au préalable dans la mosquée», a déclaré le chef de la police de la province de Takhar, voisine de celle de Kunduz, où l'attentat a eu lieu, selon Reuters. L'attentat a également fait une vingtaine de blessés, a ajouté Associated Press. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière en Afghanistan depuis les élections législatives du 18 septembre dernier, marquées par une série d'actions violentes qui ont fait 17 morts. En juillet, un candidat aux législatives avait été tué dans des circonstances similaires dans une mosquée de la province de Khost. Cette attaque a lieu au lendemain du lancement à Kaboul du Conseil de la Paix par le président afghan Hamid Karzai dans l'espoir d'amener les insurgés talibans à déposer les armes, et mettre ainsi fin à cette guerre qui dure depuis presque dix ans. «Chaque province, chaque district, chaque village attendent du Haut conseil de la paix des efforts. Des efforts pour rétablir la paix sur cette terre», a déclaré le chef de l'Etat afghan lors de l'inauguration du conseil, cité par Reuters. Cette commission comprend près de 70 membres, dont des chefs de guerre, des femmes et des membres du gouvernement. Elle se veut une enceinte de négociations et doit représenter l'ensemble de la société dans des discussions de paix avec les talibans. Les négociations avec les insurgés sembleraient, selon les analystes, la seule solution pour mettre fin à la guerre en Afghanistan. Des pourparlers secrets auraient même été engagés depuis plusieurs mois entre le chef des Talibans, sous l'autorité du mollah Mohammad Omar et le gouvernement afghan, a rapporté récemment le Washington Post. Certains responsables des autres factions rebelles afghanes ont été, elles aussi, reçues aussi par les responsables afghans que par les chefs des forces internationales. «Certains viennent voir le gouvernement, d'autres viennent nous voir», a déclaré le général américain David Petraeus qui est aussi à la tête des forces internationales. «La réconciliation avec les hauts responsables des talibans est du domaine du gouvernement afghan», avait souligné le général Petraeus, confirmant que de hauts responsables des insurgés avaient pris contact avec Kaboul. Mais peut-on interpréter l'attaque d'hier comme une réponse négative à l'installation d'un Conseil de la paix de la part d'une faction des talibans ou c'est seulement un moyen de pression pour s'imposer dans les négociations de paix avec le gouvernement afghan, déjà fragile à cause des affaires de corruption dans lesquelles sont impliqués certains de ses membres ? L. M.