La maîtrise de l'énergie dans le secteur industriel revêt une importance capitale en ce sens qu'elle permet de faire des économies et pour le pays et pour l'industriel lui-même. Pour ce faire, des mesures sont prises par l'Algérie en vue de réduire la consommation de l'énergie par ce secteur «énergivore».Un programme national de la maîtrise de l'énergie (PNME) soutenu par un Fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME) est mis en place par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue) depuis 2007 et consiste en la réalisation de projets d'aide à la décision et des projets d'aide à l'investissement en direction des industriels. Pour le premier projet, les industriels de droit algérien sont accompagnés par ce programme pour réaliser des études de faisabilité et des audits énergétiques de façon à diagnostiquer la consommation de l'entreprise en matière d'énergie. Il s'agit pour le deuxième projet, l'aide à l'investissement, d'accompagner les industriels à installer des variétés de vitesse, qui sont en fait des équipements électroniques à placer au niveau des moteurs électriques pour réduire la consommation énergétique. Il s'agit d'optimisation du processus thermique, c'est-à-dire mettre en place un système pour réduire la consommation de l'énergie thermique dans les fours, les chaudières ou encore les séchoirs. Il s'agit aussi de l'installation de la cogénération. En d'autres termes, produire de l'électricité et de la chaleur pour l'autoconsommation de l'usine. L'installation de cet équipement permettra une autonomie de consommation de l'électricité et de la chaleur, ce qui représente un gain important sur la facturation électrique et thermique. Par ailleurs, ces aides concernent également l'air comprimé. Il s'agit d'accompagner les industriels pour minimiser la consommation des compresseurs. L'aide consiste à faire le diagnostic du compresseur et, à partir de là, l'investissement nécessaire sera cofinancé par l'Aprue. 150 audits énergétiques d'ici 5 ans Le projet de réalisation d'audits énergétiques baptisé «Top-Industrie» au profit des entreprises industrielles a été communiqué lors d'une journée d'étude sur l'efficacité énergétique dans l'industrie, et ce, en marge du premier Salon international des énergies renouvelables et de la maîtrise d'énergie qui s'est tenu la semaine dernière au palais des Expositions des Pins Maritimes. M. Issiakhem Mourad, chef du département Industrie à l'Aprue, a souligné que ce projet pilote consiste en le soutien technique et financier accordé «aux entreprises opérant dans le secteur industriel grand consommateur d'énergie», de même à identifier les gisements d'économie d'énergie et de proposer des actions appropriées de maîtrise de consommation de cette ressource. Notre interlocuteur a expliqué que «ce programme Top-Industrie, soutenu par des mesures incitatives du Fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME), ambitionne d'élaborer 150 audits énergétiques dans les cinq prochaines années». Cette année, un nombre limité de solutions adéquates d'efficacité d'énergie, parmi lesquelles vingt audits énergétiques et six études de faisabilité sont réalisées. Toujours selon lui, pas moins de sept conventions ont été signées en 2008 avec des industriels et dont la réalisation s'est faite en 2009. M. Issiakhem a affirmé aussi que les cimenteries publiques sont en avance dans cette opération de maîtrise de la consommation de l'énergie en ce sens que sept projets ont été réalisés à 100% dans la cimenterie de Chlef. Toujours selon lui, d'autres entreprises sont retenues et bénéficieront prochainement d'audits énergétiques. Il citera les raffineries d'Alger, d'Arzew et de Skikda de même que les cimenteries publiques et privées.Quel impact de tels projets sur l'industriel et sur l'Etat ? Des critères de sélection à remplir M. Issiakhem nous explique que la réalisation des projets a permis de faire un gain dépassant les 1 000 TEP (tonne équivalent de pétrole). Toutes ces mesures ont un impact très important sur la maîtrise d'énergie. De plus, ces projets permettent aux entreprises de réduire les coûts de production de l'énergie, d'améliorer la compétitivité de l'entreprise, d'introduire de nouvelles technologies, de réduire les émissions polluantes liées à la consommation d'énergie, en particulier les GES (gaz à effet de serre), et d'améliorer l'image de l'entreprise. L'impact sur l'Etat est la création d'un marché de valeur ajoutée et d'emplois, la gestion de l'énergie, la réduction des coûts des infrastructures liées à la production, au transport et à la distribution d'énergie, ainsi que la préservation des ressources. Mais sans doute l'un des objectifs les plus importants est la création de bureaux d'audit et la mise en place d'un agrément d'auditeur énergétique, d'ici la fin de l'année en cours. Tous les projets sont cofinancés par l'industriel et par l'Aprue. L'aide financière de cette dernière diffère d'un projet à l'autre.Pour attirer les industriels à adhérer à ce programme, des appels de manifestation d'intérêt sont lancés chaque année par le biais du site Web de l'Aprue, mais aussi par voie de presse. S'ensuit une présélection des industriels qui doivent répondre aux critères du cahier des charges lancés par l'Aprue. La sélection de l'industriel se fait sur la base de l'économie d'énergie à engendrer et l'impact de l'équipement choisi sur l'environnement, et selon les critères techniques. Pour l'année en cours, toutes les manifestations d'intérêt sont déjà lancées, et les dossiers parvenus à bon port sont au stade de l'étude. Les portes restent encore ouvertes à ceux qui veulent participer à cette manifestation d'intérêt. Le programme sera poursuivi à une cadence plus soutenue, les années à venir, pour atteindre les objectifs tracés, à savoir rationnaliser la consommation de l'énergie. B. A.