Le facteur limitant de la production végétale et, à un degré moindre, de la production animale est bien sûr la sécheresse, c'est-à-dire le déficit pluviométrique. Et comme l'Algérie fait partie d'une vaste zone caractérisée par une pluviométrie annuelle faible, il devient donc impossible dans notre pays de pratiquer certaines cultures car grosses consommatrices d'eau. Une donne qu'a tenue à rappeler le directeur général de l'Institut national de recherche agronomique (INRA), Fouad Chahat, lors de son intervention hier sur les ondes de la radio Chaîne III. Le DG citera en exemple la culture du sucre qui ne sera jamais cultivé chez nous en raison de nos faiblesses en ressources hydriques. Et de préciser dans ce même contexte «de par cette carence, nous ne pouvons cultiver la canne à sucre et pour ce qui concerne la betterave à sucre, de toutes les expériences tentées jusqu'ici aucune n'a donné de résultats qui puissent faire croire que cette culture a un avenir chez nous». «Et quand bien même par endroits du pays l'eau serait disponible, la production sera très insuffisante par rapport aux besoins de consommation car il nous faudra un million et demi de tonnes de sucre en vingt ans», ajoutera-t-il. Le DG a aussi signalé que «par souci de sécurité alimentaire, les ressources hydriques vont continuer à être réservées en partie aux cultures stratégiques, à savoir les céréales et la pomme de terre».Catégorique, il affirmera que l'Algérie n'atteindra jamais l'autosuffisance alimentaire, comme aucun pays au monde ne l'a fait et ne le fera jamais, précisera-t-il. Ainsi, nous, comme le reste des pays, continueront à importer des produits agricoles que nous ne pouvons produire, tels la canne à sucre, le riz… «C'est pourquoi l'autosuffisance est un mythe», a-t-il conclu. Et de rappeler au passage que l'autosuffisance «n'existe pas même dans les grands pays agricoles tels que le Brésil, les Etats-Unis ou l'Union européenne».Cependant, pour Fouad Chouat, l'Algérie devrait avoir une meilleure balance commerciale agricole. «Autrement dit, continuer à acheter ce que nous ne pouvons produire chez nous, mais vendre à l'étranger d'autres produits», a-t-il préconisé. Pour le directeur de l'INRA, la crise alimentaire est encore là, même si elle est moins aiguë qu'en 2008. «Moderniser l'agriculture algérienne est la seule façon de progresser. Il faut utiliser plus de moyens et mieux produire en grandes quantités. Il faut permettre aux agriculteurs d'accéder à des techniques nouvelles et renforcer leur encadrement par des ingénieurs et des chercheurs», a-t-il préconisé. Dans cette perspective, le DG a appelé à intégrer les cultures maraîchères sous serres multichapelles pour assurer l'approvisionnement régulier en produits agricoles des grandes agglomérations. «Cela permet de tripler les rendements sur des surfaces identiques, de ne pas être victimes de l'étroitesse des superficies disponibles autour des grandes villes et de mieux maîtriser la culture», a-t-il indiqué. Ce système mettra l'Algérie, selon lui, à l'abri des aléas climatiques. «Il nécessite encore un accompagnement par des techniciens parce qu'il s'agit de techniques fines qui exigent le respect strict des méthodes de culture. Mais ce n'est pas un travail de laboratoire et en une année, les agriculteurs peuvent maîtriser ces techniques. Cependant, nous ne pouvons pas être négligents avec les serres multichapelles en raison des coûts élevés», a-t-il insisté. Ce système permet de cultiver davantage de produits primeurs et de produits d'arrière-saison, indiquera le DG de l'INRA. «Et nous serons donc capables de conquérir des marchés extérieurs pour ces produits-là», a-t-il observé.Fouad Chaouat a enfin tenu à rappeler que parmi les projets d'investissements réalisés jusqu'ici dans le secteur beaucoup ont donné des résultats, d'autres attendent des correctifs mais par contre certains se sont avérés obsolètes car dépassés par les nouvelles techniques agricoles. Z. A.