Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a annoncé, samedi dernier, le lancement d'une campagne nationale de contrôle des cliniques privées. Un rapport détaillé lui sera remis à la fin de ce mois pour prendre les décisions qui s'imposent : encouragements pour les établissements qui font preuve de professionnalisme et de respect des cahiers des charges et avertissements à l'encontre de ceux qui ont des choses à se reprocher. Beaucoup de choses à se reprocher si l'on tient compte des témoignages de nombreux patients, les femmes en particulier qui s'y rendent pour des accouchements.Selon les déclarations du ministre qui insiste sur la nécessité que ces établissements privés soient complémentaires avec ceux publics, «les sanctions pourraient aller jusqu'à la fermeture en cas d'infractions graves à la règlementation». Des citoyens applaudissent cette décision et la qualifient de courageuse de la part du premier responsable du secteur. «Il était temps», «Ça commence à se dégrader sérieusement dans ces établissements», «Les prix sont excessifs alors que les prestations de services ne diffèrent pas tellement de ceux des hôpitaux si elles ne sont pas carrément médiocres»… entend-on dire des citoyens de tous les âges et de toutes les catégories sociales. Mettre de l'ordre dans ces cliniques est le souhait de tous bien que, soutiennent-ils, la meilleure solution réside dans l'amélioration des prestations de services dans les structures publiques. Car, devrions-nous le souligner, si des hommes et des femmes ont opté pour les services de ces établissements privés, ce n'est pas parce qu'ils sont riches. Ce n'est pas parce qu'ils se voient dans le droit de réclamer des soins de haut niveau, dans un cadre prestigieux, en fonction de leur position sociale. Ce sont les mauvaises conditions de prise en charge et le mauvais accueil dans les hôpitaux qui les font fuir et les décident à se faire soigner dans des cliniques privées même en devant payer cher. «Les gens ont perdu confiance dans les hôpitaux. Ces dernières années, il y a une amélioration mais cela reste insuffisant. C'est pour cela que les cliniques privées sont d'un grand apport pour le secteur», soulignent des professionnels de la santé. Malheureusement, pour de nombreux citoyens, les choses ne sont pas comme ils les imaginaient. Des cliniques manquent terriblement de moyens matériels. Certaines ne disposent pas d'appareils de radio ni de couveuses. D'autres n'ont pas de pédiatres pour s'occuper des nouveau-nés. Des femmes l'ont constaté à leurs dépens. «Personnellement, je préfère mille fois l'hôpital. Jamais je ne retournerai dans une clinique privée», insiste une jeune mère qui affirme avoir failli perdre «bêtement» son bébé «par négligence» du personnel paramédical. Pour d'autres patients, il est nécessaire de trouver un moyen de rendre l'hôpital accessible à tous. La cherté des prix dans ces établissements privés en est la principale cause : «C'est trop cher, beaucoup s'endettent pour pouvoir se permettre le luxe de se faire soigner dans une clinique privée.» Force est de reconnaître toutefois que quels que soient les efforts des pouvoirs publics visant la satisfaction de cette demande, l'aide des cliniques privées est nécessaire, voire indispensable. C'est partant de ce constat que le ministre a pris sa décision de procéder à «l'enquête» pour éliminer les établissements qui ne répondent pas aux normes et aider à l'amélioration des services dans les autres. «Les bons ne doivent pas payer pour les mauvais», demandent des médecins du secteur privé. L'autre souhait de ces médecins et de tous les professionnels de la santé, ainsi que des simples citoyens, est que ce genre de contrôle ne soit pas limité dans le temps : «Nous appelons à la continuité dans ce genre d'opérations. Il ne faut pas que ce soit occasionnel et limité dans le temps.» K. M.