Photo :Riad De notre envoyé spécial à Lubumbashi (RD Congo) Abdelghani Aïchoun La République démocratique du Congo (RDC), plus connue par le commun des Algériens sous le nom de «Zaïre», l'ancienne appellation, ou encore de CongoKinshasa, histoire de faire la différence avec le CongoBrazzaville, son voisin, est l'un des pays les plus vastes du continent africain. L'éloignement de ce pays de la région nord-africaine fait qu'il est quasiment inconnu par bon nombre d'Algériens. La RDC est pratiquement à deux heures de vol de l'Afrique du Sud. Si certains entendent quand même parler de sa capitale Kinshasa, il en est tout autrement de Lubumbashi, considérée pourtant comme l'une des plus grandes villes du Congo. C'est grâce au match de football des demi-finales de la Ligue africaine des champions, ayant opposé la JS Kabylie au TP Mazembe, le club phare de cette «commune», que Lubumbashi est désormais connue des Algériens. La ville est située dans le sud du pays –à près de 1 500 kilomètres de la capitale– dans la province de Katanga, l'une des onze provinces du CongoKinshasa, dont le gouverneur n'est autre que Moïse Katumbi, le président du TP Mazembe. Une province connue pour ses exploitations minières. D'ailleurs, Lubumbashi est également appelée par certains «capitale du cuivre», en référence aux gisements de ce matériau dans son sous-sol. Un sous-sol riche Si la ville de Lubumbashi est située dans une province riche, néanmoins, la pauvreté et les multitudes de crises qu'a vécues le pays laissent des traces visibles à plus d'un titre. La présence de campements des Nations unies et de ceux de la Croix-Rouge internationale, pour ne citer que ceux-là, en est la preuve évidente. Le mercredi 29 septembre dernier, il y avait un avion d'Europe Aide sur l'une des pistes du modeste aéroport de Lubumbashi. Un avion utilisé par les pays européens pour l'acheminement de diverses aides aux pays démunis ou ayant subi une catastrophe. A l'intérieur de la ville, au niveau de certaines rues, le visiteur apercevra quelques campements de l'ONU, notamment celui du Nomusco (Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo), mission de l'ONU créée par le Conseil de sécurité, le 30 novembre 1999, afin de mettre un terme à l'instabilité politique et aux violences que vit le pays depuis une dizaine d'années. De temps en temps, des véhicules de l'Organisation des Nations unies arpentent les rues de Lubumbashi. Les affres de la longue crise qu'a vécue le pays –chose propre d'ailleurs à bon nombre d'autres pays africains– se sont répercutées sur la vie quotidienne des Congolais. Les citoyens font face à une situation socio-économique des plus difficiles, même si, ces dernières années, les autorités locales, notamment le gouverneur de la province de Katanga, fournissent beaucoup d'efforts pour améliorer le quotidien des habitants de la ville. Si auparavant, seules les routes principales de Lubumbashi étaient bitumées, aujourd'hui, les responsables locaux tentent de faire de même pour les routes secondaires. Le retard pris dans la construction d'infrastructures de base est immense. Tous ceci a fait que la société s'est complètement «désorganisée». Face à la présence d'affiches publicitaires des opérateurs de la téléphonie mobile, tels que Vodacom et Zaïn, présents sur le marché local, ce qui démontre que, pour les investisseurs, le Congo est assez lucratif, quelques «phénomènes» reflètent paradoxalement que l'Etat est loin d'imposer une certaine rigueur dans la gestion des affaires du pays. Le dollar, principal monnaie d'échange Ainsi, à Lubumbashi, l'essence se vend bien souvent à l'extérieur des stations, dans des bidons, entreposés sur le bords des routes. A côté de ça, le «change» des monnaies, du dollar ou euro vers le franc congolais, se fait également dans la rue. Le nombre de jeunes qui proposent le «change» est impressionnant. Presque chaque dix mètres, un jeune tient dans ses mains des liasses de billets. Et quand on sait que la monnaie locale, le franc congolais, a été dévalué à maintes reprises, un cabas serait nécessaire à ces jeunes pour transporter toutes les liasses qu'ils ont amassées. Si, en Algérie, il y a des «tables» de cigarettes, en RD Congo, c'est la monnaie qui est concernée par ce genre de pratiques. Par ailleurs, la valeur du franc congolais est tellement basse que les prix de tous les produits chers sont affichés en dollars. Et le paiement se fait, bien évidemment, en dollars. Sinon, le client devrait se débrouiller pour transporter ces sommes d'argent. Et comme dans tous les pays africains qui ont commencé depuis peu à se stabiliser, et ainsi, à faire des affaires, le niveau de vie est très élevé. Le prix du billet d'accès au stade de Lubumbashi, dans le cas de la tribune non couverte, qui est de quatre dollars, est jugé très élevé par les citoyens. Un jeune transporteur «clandestin» qui nous a déposés au stade, en s'apercevant qu'il avait affaire à des journalistes, nous a demandé s'il y avait possibilité d'avoir une «invitation». «L'accès au stade est très cher ici. Il coûte quatre dollars», nous a-t-il indiqué. Pourtant, en face de cette tribune, il y a ce qui est communément appelé sur place, la tribune «VIP», l'équivalent d'une tribune officielle en Algérie. Le prix d'une place, à ce niveau, est de cent dollars. Ce qui n'empêche pas des dizaines de jeunes d'y arracher une place. Bien évidemment, la totalité des billets du match sont vendus plusieurs jours avant la date de la rencontre. Le jour «J», les guichets sont fermés, mais les tickets sont vendus, en dehors du stade, au marché noir. Si l'accès au stade est jugé cher, pour certaines autres prestations, c'est encore pire. Il n'y a pratiquement pas d'hôtels, à Lubumbashi, dont le prix de la chambre pour une nuit soit au-dessous de 100 dollars. Ceci pour les hôtels trois étoiles. Chercher mieux coûtera encore plus cher. Mais, en dehors de tout ça, il y a lieu de relever que la devise qui est usitée en RD Congo, pourtant francophone et ancienne colonie belge, est le dollar. L'euro n'a pas droit de cité. Et encore, les vieux billets de dollar ne sont pas acceptés. Il faut que le billet soit de 2006. Les jeunes vendeurs nous ont indiqué que ceci est dû au fait qu'il existe beaucoup de faux billets parmi les anciennes séries. Harmonie entre les communautés chrétienne et musulmane Le RD Congo, comme bon nombre d'autres pays africains, est fortement imprégné du sentiment religieux. Dans chaque rue, il y a une église. La communauté est majoritairement chrétienne. Mais cela n'empêche pas l'existence d'une mosquée à Lubumbashi, et dans d'autres villes également comme nous l'ont signalé les Algériens vivant sur place. Le vendredi 1er octobre , vers 11 h, Aboubakr, un Malien résidant à Lubumbashi, s'approche de certains membres de la délégation des médias qui a accompagné la JSK. Il les informe qu'il y a une mosquée non loin de là. Vers midi, il se déplace vers l'hôtel où il réside pour les accompagner à la mosquée afin d'accomplir la prière du vendredi. La mosquée étant petite, les fidèles , font la prière par «vagues» de quelques dizaines de personnes. La mosquée est fréquentée majoritairement par des ressortissants étrangers. On y trouve, en plus des quelques Algériens présents sur place pour l'occasion, des Pakistanais, des Indiens et des ressortissants des pays de la région sahélienne. «Les deux communautés, musulmane et chrétienne, vivent ici en harmonie. Jamais il n'y a eu de problèmes entre eux», nous a indiqué Jimmy, un jeune trentenaire congolais, chrétien. Si le pays a connu des crises d'ordre ethnique, il a été épargné par les conflits d'ordre religieux. «Chacun pratique sa religion comme il le voit. Personne ne s'immisce dans les affaires des autres», a ajouté Jimmy. Dans le supermarché «Ma Maison», un investissement pakistanais, tout un rayon est dédié aux produits «hallal». Il s'agit principalement de la viande. En tout état de cause, même s'il existe un parti politique chrétien intégriste, du moins ce qu'il en reste, au sein de la population, il n'y a jamais eu de tensions entre les différentes communautés religieuses. A. A. Présence de l'ONU depuis 1999 La Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a succédé à la Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), le 1erjuillet dernier. Cette dernière avait été créée par le Conseil de sécurité, le 30 novembre 1999, afin de mettre un terme à l'instabilité politique et aux violences que vit le pays depuis une dizaine d'année. Territoire d'environ 60 millions d'habitants, la RDC a connu deux guerres depuis 1996. La première a conduit à la chute du régime de Mobutu en mai 1997 et à la prise du pouvoir par l'Alliance des forces démocratiques de libération du Congo-Zaïre de Laurent Désiré Kabila. La seconde a opposé, à partir d'août 1998, le gouvernement de Kinshasa aux rébellions armées du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) appuyé par le Rwanda et le Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par l'Ouganda. Ces deux partis politiques sont même arrivés à contrôler des régions du pays durant cette période. Pour mettre un terme à cette situation, un accord de cessez-le-feu a été signé à Lusaka (Zambie), le 10 juillet 1999, par tous les belligérants, à savoir le gouvernement de Laurent Désiré Kabila, le Mouvement de libération du Congo (MLC), le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), et les gouvernements de l'Angola, de la Namibie, du Rwanda, de l'Ouganda et du Zimbabwe. Pour répondre à la demande des signataires de l'Accord de Lusaka et contribuer au retour de la paix et de la stabilité, le Conseil de sécurité crée la Monuc le 30 novembre 1999 (résolution 1279). Et le 1er juillet dernier, la Monusco a remplacé la Monuc.