Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les potentialités naturelles halieutiques, les diverses richesses des 85 kilomètres de sa côte et les disponibilités humaines en la matière, sont mal mises à profit par un secteur de la pêche qui peine à décoller dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cette situation est encore plus floue et presque désespérée en raison des retards et tergiversations caractérisant le lancement de projets importants et la concrétisation d'autres dans une région où le développement économique global ne rime avec absolument rien de prometteur. Délaissés pendant des décennies par les autorités locales, l'exploitation des richesses de la côte kabyle et le travail des marins pêcheurs ont connu un semblant de réveil (grosso modo par des chiffres et des perspectives sur papier et de rares réalisations ratées) avant de replonger dans la léthargie ambiante et généralisée qui colle à tous les secteurs économiques de la région. Dans le discours des responsables locaux du secteur à Tizi Ouzou, il s'agirait de remettre la flottille sur les rails du développement. A voir…Les pêcheurs, qui sont la vitrine des métiers de la mer, ne sont guère satisfaits de leur situation parce que la profession est soumise à des pressions multiples allant des contraintes bureaucratiques et blocages pour la conception et la mise en œuvre des projets jusqu'aux entraves dans le travail de la pêche et de la commercialisation de leurs produits sur le marché local. Autant dire que, dans leur grande majorité, ils vivent dans l'angoisse, l'incertitude, l'exploitation et la précarité sociale. Aussi, dans leur ensemble, les infrastructures réceptionnées, en plus d'être extrêmement insuffisantes, sont jugées inadéquates pour les pratiques de la pêche et du commerce maritime. Les ports pourtant neufs de Tigzirt et d'Azeffoun sont considérés par les opérateurs économiques et les professionnels de la mer en Kabylie comme de véritables gâchis en dur sur la belle façade maritime kabyle, abondante en richesses. Conception approximative et bâclée des digues, quais étroits, absence d'aménagements véritables, ensablement inévitable à court et à moyen terme des espaces d'accostage ou, option encore plus coûteuse, actions de désensablement si jamais elles sont recommandées… de quoi douter des intentions des «artisans» de telles calamités en la matière ! Des étudiants frais émoulus dans le domaine et volontaires auraient fait cent fois mieux que cela ! Et pour mieux être en «harmonie» avec le volume faible des investissements de base et la qualité des «œuvres» mises à la disposition des marins pêcheurs, les autorités locales, à tous les niveaux, ont réduit au strict minimum les accords de projets en faveur des jeunes pêcheurs dans le cadre des dispositifs d'aide à la création d'emplois présents dans la région et ce, sur insistance des services concernés au niveau de la wilaya. Que ce soit avec l'assistance de l'ANSEJ ou de l'ANGEM, les avis favorables se comptent sur les doigts d'une main, poussant à l'abandon des dizaines de jeunes porteurs de projets de la pêche sans compter l'effet de découragement que ce genre de décision a sur de «gros» investisseurs qui voudraient donner de la vigueur au secteur en Kabylie. De la pure politique de désinvestissement avec comme première conséquence négative sur les perspectives économiques la délocalisation des projets d'envergure. Dans ce sillage, on peut citer le chantier du port d'Azeffoun, à environ 70 km au nord-est de Tizi Ouzou, retenu pour la construction et la réparation d'embarcations de pêche pour plusieurs wilayas du Centre (Béjaïa, Boumerdès, Alger et Tizi Ouzou) par une société mixte algéro-coréenne mais dont les travaux de réalisation tardent à démarrer de façon irréversible. Cela dit, les autorités locales se sont tournées récemment dans leurs projections du secteur vers le développement de la pêche continentale et les activités de l'aquaculture comme si la biomasse de la mer kabyle était surexploitée avec les moyens du bord des pauvres pêcheurs de Tizi Ouzou. Alors à quoi sert la côte kabyle ?