Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Il est évident que pour parvenir à une éradication totale des habitations précaires dans la wilaya de Constantine, des commissions devraient minutieusement éplucher et les sites concernés restant «occupés» et les fraudeurs qui avaient déjà été relogés par le passé. Un travail organisé et une planification précise s'imposent pour pouvoir fixer une date butoir à cette anarchie urbanistique. La wilaya de Constantine devrait d'ici à 2012 finaliser 10 500 logements entrant dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP). 2 500 unités parmi ce lot demeurent inscrites, mais non lancées encore, d'après des sources concordantes. Il s'agit de répartir ces futurs logements à travers les municipalités d'Ouled Rahmoune, d'Aïn Abid et de la nouvelle ville Ali Mendjeli qui détient le plus grand nombre de bâtiments. Toutefois, ces attributions se poursuivront au fur et à mesure que des chantiers sont bouclés. De surcroît, on annonce la livraison d'un quota d'ici la fin de l'année en cours en attendant la finition des autres ouvrages. Le parc s'est élargi considérablement dans cette wilaya, mais la demande de logements reste forte. En plus de ces ouvrages engagés, il reste à maîtriser la prolifération des taudis. En matière de foncier, il faut souligner que la ville des Ponts a récupéré des assiettes aussi importantes les unes que les autres. A commencer par le site Bardo dont l'étude est fin prête et attend le passage à l'action. Djenane Ettina et l'avenue de Roumanie, dont les habitants étaient transférés verront des suggestions après que les assiettes auront été délimitées.La problématique des bidonvilles en Algérie et notamment à Constantine tiendra «le haut du pavé» tant les décisions précédant l'éradication demeurent aléatoires sur le terrain. Sinon comment expliquer que, malgré le nombre impressionnant de logements en cours de réalisation ou achevés, le fléau soit omniprésent. On ne parvient pas à y mettre un terme, voire à équilibrer le rapport offre-demande. Du moins en ce qui concerne la résorption de l'habitat précaire. Au moment où les responsables locaux ont dressé une liste exhaustive des taudis répartis à travers la circonscription en 2007, et ce, dans l'intention de mieux circonscrire le phénomène, en parallèle d'autres îlots de bidonvilles ont pris naissance en divers endroits du chef-lieu et des municipalités limitrophes. Ce qui a contraint à remettre en cause en grande partie la résorption des baraquements. Un fait réitéré moult fois dans les assemblées locales. L'alternative semble avoir eu un faible substitut. Il ne suffit pas de répertorier. Plutôt faudrait-il reloger et barricader les parcelles évacuées. La wilaya de Constantine aura mené, ces dernières années, une vaste opération de relogement. Dans un cadre purement gouvernemental ayant trait à la directive du président de la République de débarrasser les villes des tôles et planches qui les enlaidissent, mais aussi pour répondre à une autre sollicitation. Faire de la capitale de l'Est une mégapole au sens propre du terme. Une phase qui a nécessité d'autres transferts d'habitants résidant notamment à Bardo et à l'avenue de Roumanie. Soit un surplus à ajouter au chiffre des familles concernées par le transfert. La modernisation de la cité aura nécessité des appartements supplémentaires. Plus de 20 000 habitations précaires ont été recensées à Constantine depuis l'entame de la politique d'éradication. Cependant, il en reste un peu plus de la moitié à détruire, atteste une source concordante et ce, en l'absence de statistiques fiables dès lors que les listes s'allongent d'un mois à l'autre faute d'un suivi rigoureux. Même les élus locaux semblent être dans l'incapacité de donner des évaluations exactes sur le reste des campements. «Faire de Constantine une ville sans taudis d'ici décembre prochain est une pure fiction», témoigne un habitant arguant : «Il suffit de sillonner les cités pour s'en convaincre.» Une réalité cette fois- ci confirmée par un cadre local qui estime qu'«il faudra s'armer de patience et de rigueur pour assainir l'urbanisme à Constantine». Bien malin celui qui s'aventurerait à présager une date butoir à l'anéantissement total des gourbis. Une éventualité pourtant possible avec les efforts de l'administration locale appelée à revoir ses statistiques, recensements, listings et dossiers se traduisant par un autre tri des listes avant d'entreprendre d'autres relogements. Constantine continue de subir le poids des habitations précaires. Sans compter la cité Benchergui, où constructions illicites et d'autres pour le moins tolérées se côtoient… sans alibi tangible. Le véritable aménagement urbain risque d'être renvoyé aux calendes grecques sans une stratégie de recensement et de suivi par les commissions compétentes de daïra, d'APC et de DUC. Sans quoi Constantine sans baraques, ce ne sera pas pour demain !