Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a exhorté les Libanais à boycotter le tribunal spécial pour le Liban chargé d'enquêter sur l'assassinat de Hariri, affirmant que toute coopération avec les enquêteurs serait une atteinte à la sécurité du Liban. Cette déclaration intervient au moment même où à New York l'envoyé spécial de l'ONU au Liban surenchérissait en déclarant que la situation dans ce pays était «hyper dangereuse.» Nasrallah s'exprimait au lendemain d'un incident impliquant des enquêteurs du Tribunal spécial sur le Liban (TSL) qui voulaient étrangement avoir l'accès à des dossiers dans une clinique gynécologique de la banlieue sud de Beyrouth. Cet épisode a conduit Nasrallah à s'exprimer sur le comportement douteux des enquêteurs du bureau du procureur général du tribunal. «Nous avons atteint un point sensible et très dangereux qui touche à notre honneur et amour-propre, et cela requiert de nous une position différente», a dit le dirigeant du Hezbollah. «J'appelle tous les Libanais, citoyens [...] et hommes politiques, à boycotter les enquêteurs de ce tribunal et cesser toute coopération avec eux.» «Toute coopération supplémentaire avec ces enquêteurs équivaudrait à une attaque contre la résistance.» Toutes les données collectées par les «enquêteurs» «parviennent à des services de sécurité étrangers et à Israël», a-t-il averti. Nasrallah s'est demandé pourquoi les enquêteurs s'étaient curieusement intéressé «aux dossiers médicaux de nos femmes», affirmant que la clinique en question est «la plus fréquentée par les épouses, filles et sœurs des responsables du Hezbollah». Mercredi, deux enquêteurs avaient demandé des renseignements sur des patientes créant des tensions dans la clinique. Le procureur du TSL a affirmé que cet incident n'empêcherait pas son bureau de poursuivre sa «mission». Le TSL a été mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat en février 2005 à Beyrouth de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Le Hezbollah a toujours soupçonné le TSL d'être politisé. Et le temps lui a donné raison quand il s'est avéré que l'enquête du Tribunal était basée sur de faux témoignages. Selon Nasrallah, l'acte d'accusation du TSL est rédigé depuis 2006. Des bribes ont même été publiées dans le Der Spiegel et Le Figaro. M. B.