Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou Entre janvier et septembre 2010, les importations de lait de transformation ont légèrement baissé par rapport à la même période de 2009. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Agriculture, ces importations ont atteint 161 306 tonnes (contre 181 213). Parallèlement, les importations algériennes de lait de consommation ont légèrement augmenté en 2010 par rapport à 2009, passant d'environ 25 500 à 26 000 tonnes. Quel sens donner à ces chiffres et bien d'autres au moment où la filière lait travers une crise qui perdure au grand dam des consommateurs ? Quotidiennement et à des heures précises, des chaînes interminables se forment devant les points de vente pour s'approvisionner en lait pasteurisé conditionné (LPC). Au même titre que l'Office national interprofessionnel du lait qui distribue la poudre de lait par quotas aux transformateurs, certains commerçants ne vendent que deux litres de lait par citoyen. Cela pour dire que la pénurie se ressent plus particulièrement dans les villes où la demande est importante alors que l'offre reste insuffisante. En effet, la production nationale en lait demeure médiocre. Malgré les efforts consentis dans ce domaine, elle ne couvre que 50% des besoins du marché national qui s'élèvent en moyenne à 5 milliards de litres de lait par an. Et ce, à raison de 4 milliards de litres de consommation directe et de 1 milliard en produits laitiers. Quelle place pour le secteur public dans cette filière ? Au fil des ans, de nombreuses unités de transformation de lait ont ouvert à travers le pays et ont contribué un tant soit peu à faire face aux besoins des consommateurs qui optent généralement pour le lait produit par les filiales de Giplait (Groupe industriel du lait). Sa qualité et sa consistance sont jugées meilleures que celles du privé. Le ministère de l'Agriculture œuvre d'ailleurs actuellement au renforcement du public. Dans une note publiée récemment sur la filière lait, le département de Rachid Benaïssa exhorte les laiteries publiques à produire au moins 50% du LPC. «Les unités publiques sont mises sous sujétion publique pour la fabrication d'au moins 50% du LPC mis sur le marché national», a indiqué, le 28 octobre dernier, le ministère dans ladite note. La mise en œuvre de cette mesure est attendue au plus tard au début de l'année 2011. Les laiteries publiques ont donc deux mois pour se préparer et renforcer leurs capacités de production. L'objectif d'un tel dispositif pour lequel des subventions sont prévues est de sécuriser la disponibilité du LPC sur le marché sans augmenter le prix actuel, c'est-à-dire 25 dinars/litre en portant la couverture des besoins par la production nationale à au moins 75% (au lieu de 50% actuellement). Car, faut-il le noter, quand les crises surviennent comme c'est le cas actuellement, ce sont généralement les laiteries privées qui souffrent de la non-disponibilité de la poudre. La Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) l'a souligné à maintes reprises en accusant directement l'Onil d'être à l'origine de ces crises. Mais en réalité, la situation est beaucoup plus compliquée, connaissant les pratiques de certains producteurs privés qui seront soumis à certaines conditions dans le nouveau dispositif du ministère annoncé dans la dernière note où la préférence publique est clairement affichée. Les laiteries privées seront donc sollicitées, selon le ministère de l'Agriculture de participer à couvrir 50% de la demande en répondant aux conditions contenues dans les cahiers des charges. L'adhésion des laiteries privées à ce dispositif «reste volontaire et individuelle», précise le ministère qui plaide encore une fois pour l'intégration du lait cru. «La priorité sera accordée aux laiteries qui participent au développement de la production nationale et à l'effort d'intégration», est–il d'ailleurs précisé dans ladite note. Quelles applications réservera-t-on à ces orientations ? Le temps nous le dira.