et Agences C'est une élection historique en Côte d'Ivoire après onze années de crise politico-militaire et six reports depuis 2005. Juste avant de célébrer samedi dernier le cinquantenaire de son indépendance, la Côte d'Ivoire a fixé jeudi au 31 octobre l'élection présidentielle sans cesse reportée depuis 2005 et censée clore la grave crise militaro-politique de 2002. A Abidjan, la capitale, comme à Bouaké au centre du pays, fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord du pays depuis son putsch manqué de 2002, les électeurs ont afflué dans les bureaux de vote, qui ont fermé peu après 17 heures locales. Aucun incident notable n'avait été rapporté au cours de la journée. Les brigades mixtes loyalistes/FN chargées de sécuriser le scrutin n'ont déployé qu'environ 6 600 éléments sur les 8 000 prévus. Elles ont été épaulées par les ex-rebelles au nord et la police et la gendarmerie au sud. L'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire et la force française Licorne étaient en appui. Les forces armées loyalistes avaient annoncé la fermeture des frontières terrestres jusqu'à mardi 18 heures, afin d'empêcher les «éventuels fauteurs de troubles» de «fuir le pays après y avoir mis le feu». Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens étaient appelés aux urnes pour ce scrutin qui devait départager 14 candidats, dont les trois ténors de la politique ivoirienne, pour la première fois opposés : le président sortant Laurent Gbagbo, 65 ans, au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, 76 ans, et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, 68 ans. Ces trois hommes, qui tiennent le devant de la scène politique de la Côte d'Ivoire depuis deux décennies, ont salué le bon déroulement de l'élection. Mais le président sortant craint des violences de la part des «mauvais perdants» à l'annonce des résultats attendus probablement lundi soir. Rappelons que la campagne électorale s'est déroulée sans incident majeur, aussi bien à Abidjan que dans les régions contrôlées par les ex-rebelles. Le président sortant Laurent Gbagbo a décrété vendredi jour férié afin de permettre aux Ivoiriens de retirer leurs cartes d'identité et d'électeur. La commission électorale ivoirienne (CEI) s'est engagée à rendre publics les résultats provisoires trois jours après le vote. Si aucun candidat n'est désigné vainqueur dès le premier tour, les autorités électorales envisagent d'organiser un second tour d'ici à fin novembre. Environ 8 000 soldats, issus des ex-rebelles et du gouvernement, doivent être déployés pour assurer la sécurité du scrutin et des 66 000 agents électoraux.Par ailleurs, 8 000 soldats de maintien de la paix et 1 500 policiers de l'ONU ont été déployés dans des zones sensibles de l'ouest du pays pour maintenir la sécurité le jour du vote. R. I.