C'est au stand esprit panaf, qui trône à l'entrée du chapiteau du Salon international du livre, que les amateurs de la littérature africaine se sont rassemblés autour de l'écrivain togolais Sami Tchak. Vivant en France depuis 1986, cet auteur de talent titulaire d'une licence en philosophie et d'un doctorat en sociologie est revenu, dimanche dernier, sur l'œuvre de son aîné l'auteur guinéen Kamara Lay intitulé L'Enfant noir, un roman autobiographique publié en France en 1953 et lauréat du prix de Charles Veillon. Cette même œuvre est considérée comme l'un des meilleurs romans africains qui retrace l'enfance de tout un peuple. «Je ne dirai pas que Camara Lay est un grand modèle, mais son œuvre m'a profondément touché à une période de ma vie. Son livre m'a beaucoup orienté dans mon initiation littéraire. Il y a une grande différence entre rendre la révérence à un aîné et le considérer comme un modèle», déclare Sami Tchak en précisant : «Je n'ai jamais eu de doutes sur ce que je suis, je n'ai jamais eu de crise identitaire, mais j'ai douté de l'orientation de mon écriture.» L'auteur soulignera également les points forts qui l'ont marqué dans ce roman. «Dans l'Enfant noir, le personnage est le fils d'un forgeron, comme moi d'ailleurs. Mais en lisant le livre, j'ai remarqué que la description de sa vie et de sa famille avait pris une dimension universelle. Cette découverte m'a rattaché à ma culture et mes racines», dira Sami Tchak.L'auteur racontera aussi à son public que sa mère lui récitait sans cesse le poème A ma mère dont elle ignorait le sens. Cette dernière le tenait elle-même de sa mère ; c'est là que Sami Tchak a décidé de traduire ce poème dont le sens l'a ému. «Ce texte dépassa très vite le cadre de la simple dédicace à la mère de l'auteur et s'avère de nos jours comme le plus vibrant des hommages qu'un écrivain africain ait rendu à la femme africaine», écrit Sami Tchak dans le texte de sa communication paru dans le catalogue du stand Esprit panaf. L'auteur conclura ce texte en écrivant : «Les livres aussi ancrés que L'enfant noir sont des univers en soi. On y entre pour y vivre. J'étais redevenu enfant, l'enfant noir. Je marchais dans le monde de Camara. Je percevais ses mots. Je le voyais lui, enfant, lui que je n'ai jamais eu l'heur de rencontrer, lui dont je me suis approprié le poème pour en faire un hommage à ma mère, lui qui a écrit mon enfance sans me connaître.» Sami récitera le poème aux visiteurs admiratifs.«Camara Lay est l'un des auteurs les plus étudiés dans le monde. J'ai lu Camara Lay et mes enfants et petits-enfants le liront également», conclut l'écrivain algérien. W. S.