à quelques jours du sommet du G20, Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, prône le retour de l'étalon or comme base des échanges internationaux. Dans un entretien accordé au Financial Times, il juge caducs les accords de Bretton Woods II (système de change flottant adopté en 1971) et prône la nécessité de les remplacer par un système monétaire international impliquant un genre de panier monétaire (comme le panier OPEP) incluant les monnaies fortes (dollar, euro, yen, livre sterling et renminbi-monnaie chinoise) et qui doit se «baser sur l'or en qualité de point de référence international». Dans ce contexte de guerre monétaire où des puissances économiques se lancent dans des opérations de «dumping» sur leur monnaie, en les dépréciant volontairement par rapport au dollar, et pointent en même temps du doigt la Fed, Banque centrale des Etats Unis - accusée de vouloir actionner la planche à billets en injectant quelque 600 milliards de dollars pour relancer son économie -, la sortie médiatique de M. Zoellick est intéressante à plus d'un titre. D'un côté, elle met en doute l'efficacité d'un système financier gravitant autour d'un pays, en l'occurrence les Etats-Unis, un modèle qui a montré ses limites après les premiers accords de Bretton Woods. Ce serait dans ce cas, la fin de la phobie de la planche à billets américaine. D'un autre côté, par ses vertus stabilisatrices induites, entre autres, par sa rareté, le retour de l'or comme base d'échange mettra un terme au jeu dangereux de la spéculation sur les monnaies dans les marchés boursiers. En fait, à qui profitera l'or ? L'intervention du président de la BM ne peut être naïve. Dans ce sens que les grands équilibres économiques mondiaux seront «presque» maintenus, car l'option avantagera, logiquement, les plus gros détenteurs de réserves officielles et les producteurs d'or. Or, dans le classement mondial, les cinq premiers détenteurs sont les Etats-Unis (grands premiers avec 8 133 tonnes), l'Allemagne (3 400 tonnes), le FMI, l'Italie et la France. Automatiquement, la Chine et le Japon, grandes puissances économiques du Top 3, se voient handicapés, malgré une grande offensive menée ces dernières années par Pékin sur le marché du métal précieux dont le prix bat des records. Par ailleurs, dans le cas où la proposition de M. Zoellick est validée, l'Algérie pourrait tirer son épingle du jeu. Classée 22e pays détenteur de réserves officielles avec 173,6 tonnes, premier en Afrique (devant la Libye et l'Afrique du Sud) et troisième dans le monde arabe (après l'Arabie saoudite et le Liban), elle peut se targuer d'avoir des réserves de changes solvables quelle que soit la situation. A noter également que l'Algérie, à travers l'Entreprise d'exploitation des mines d'or (Enor), a décidé, l'année dernière, d'augmenter sa production de l'ordre de 50% pour atteindre 1,5 tonne cette année. Dans ce sens, Alger a tout intérêt, pour une fois, à soutenir la proposition du président de la Banque mondiale. S. A.