L'Américain Robert Zoellick remplacera, à compter du 1er juillet, son compatriote Paul Wolfowitz, qui a démissionné après une affaire de népotisme. "J'ai hâte de rencontrer les gens qui dirigent les plans de lutte contre la pauvreté, avec une attention particulière pour l'Afrique", declare le nouveau président de la Banque Mondiale qui prendra ses fonctions dimanche, au lendemain du départ officiel de Paul Wolfowitz. Robert Zoellick souligne qu'il "respecte le bilan fier des employés de la Banque Mondiale, ainsi que leur quête d'amélioration constante et leur engagement en faveur de résultats concrets". Pour sa part, le conseil d'administration de la Banque Mondiale salue en Robert Zoellick un individu qui apportera à l'instituton "de grandes qualités de dirigeant, de même qu'une solide expérience des questions internationales et l'énergie nécessaire pour renforcer la crédibilité et l'efficacité de la Banque". La crédibilité de la Banque Mondiale a été sérieusement écornée par le scandale Wolfowitz. L'ancien architecte de l'invasion américaine en Irak a en effet été accusé de népotisme, après avoir promu sa petite amie, de la Banque Mondiale au Département d'Etat. Du côté de l'Administration Bush, on estime que Robert Zoellick a la confiance de nombreux responsables étrangers. Robert Zoellick a surtout deux grands avantages: il n'est pas lié à la guerre en Irak et il n'est entouré d'aucun relent de scandale. Robert Zoellick est néanmoins attendu au tournant par certaines organisations non gouvernementales. Réformer la gouvernance économique mondiale Le départ en catimini de Paul Wolfowitz de la direction de la Banque mondiale, la révolte du président Chavez constituent autant de signes qui poussent à ouvrir une réflexion sur la Gouvernance économique mondiale. En effet, cette dernière créée pour agir et construire, est devenue une caisse de résonance des constats d'échec du système économique mondial. Le dernier rapport publié sur la flambée des prix des matières premières en est un exemple. Le pouvoir financier des institutions internationales est amoindri. Le rôle de la gouvernance économique mondiale pour le financement de notre développement affaibli. Il faut savoir que le montant du déficit des finances extérieures américaines de plus de 1 000 milliards de dollars en 2006 a été financé par l'épargne du reste du monde devant les institutions de la gouvernance économique mondiale médusées. Les pays émergents pourvoyeurs de remboursements sont devenus surliquides, favorisés par la flambée des prix des matières premières et la forte demande mondiale tirée par la Chine. L'Indonésie en 2006 a remboursé 4 milliards de dollars, l'Argentine 9 milliards de dollars, le Brésil 15 milliards de dollars diminuant ainsi 90 % de leurs encours - Adieu les bons des payeurs ! Tandis que ces pays profitent de cette manne, les pays les plus endettés n'arrivent plus à respecter leurs échéances. Et concomitamment, les Usa refusent de réduire un déséquilibre malgré les injonctions du Fmi (Fonds monétaire international). L'Omc, à côté de ces deux institutions, ne maîtrise plus le rouage des échanges mondiaux. La révolution commerciale mondiale appuyée par l'informatique et l'ordre marchand devenu polycentrique a affaibli sa force de contrôle. La conception de cette organisation enfantée par l'idéal narcissique de l'Occident lui a fait perdre sa crédibilité. Il faut dire aussi qu'autant à la Banque mondiale, au Fmi qu'à l'Omc, des problèmes de compétences se posent. Après Bretton Woods, la gouvernance mondiale avait à sa tête des hommes profilés qui tenaient compte de certaines valeurs de solidarité. Aujourd'hui, les ronds de cuir qui dirigent ces institutions, sont souvent des hommes politiques à la recherche de point de chute ou de hauts fonctionnaires placés par quelques potentats pour services rendus. L'échec des dernières négociations de l'Omc est patent. Comment peut-on négocier simultanément des centaines de tarifs douaniers pour 150 pays ! Ajouté à cela l'incroyable manque de données fiables sur les subventions. La gouvernance économique mondiale, tout en étant au service des pays riches, leur rend un mauvais service. La lourdeur de ses institutions et le manque de courage des pays pauvres pour prendre en main leur propre destin ont sclérosé le système.