Galvanisées par le discours belliqueux du roi Mohammed VI à l'occasion du 35ème anniversaire de la colonisation du Sahara occidental, les forces d'occupation marocaines attaquent lâchement un camp de réfugiés sahraouis, près de la ville occupée d'El Ayoun, faisant des morts et des blessés. L'information, rapportée par les agences de presse et les médias internationaux, a fortement scandalisé l'opinion publique et la communauté internationales. La gendarmerie royale, les forces de police et l'armée de l'air ont combiné cette honteuse opération contre le campement de Gudeim Izit qui compte 12 000 réfugiés, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Curieusement, cette répression barbare coïncide avec la reprise des négociations entre les deux parties sur l'île de Long Island, dans la banlieue new-yorkaise. Ce troisième round de discussions, placé sous l'égide des Nations unies, commence donc très mal à cause de l'évidente mauvaise foi marocaine. Les délégués du Front Polisario, unique représentant légitime du peuple sahraoui dans ses tractations, sont ainsi renforcés dans leur profonde conviction sur les intentions du Maroc à saborder tout le processus onusien. La veille de ce raid, Mohammed VI avait prononcé, comme de coutume, un discours enflammé dans lequel il avait explicitement accusé l'Algérie d'instrumentaliser ce conflit, vieux de 35 ans. Le jeune roi, comme son géniteur qui l'a précédé sur le trône, use et abuse de cet argument qui, finalement, ne convainc personne. Toutes les résolutions précédentes de l'instance onusienne mettent l'accent sur la nécessité d'organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. La sagesse et les usages diplomatiques s'accordent à dire que l'unique voie de salut consiste à donner aux populations autochtones le choix démocratique entre la souveraineté marocaine et l'indépendance. Cette solution, soutenue par tous les rapporteurs de l'ONU qui ont déjà travaillé sur ce dossier, est férocement rejetée par le Maroc qui tient à annexer de force ce bout de territoire qu'il avait militairement occupé en 1975 au lendemain du retrait espagnol. S'accrochant bêtement à son projet insensé d'autonomie, le Maroc maintient son emprise coloniale à coups d'atteintes massives aux droits les plus élémentaires des populations sahraouies et d'exploitation illégale des richesses minières de leur territoire. Faisant fi de la légalité internationale, le royaume chérifien, fort du seul veto français au Conseil de sécurité, s'entête dans une voie sans issue, allant même à l'encontre de tous les pays du continent noir qui soutiennent à l'unanimité la cause sahraouie. Face à cette énième escalade répressive, les responsables du Polisario appellent l'ONU à dépêcher en toute urgence une mission d'information pour protéger les réfugiés et faire toute la lumière sur cette situation critique. C'est le minimum qu'on puisse espérer de cette instance qui fait montre d'une certaine mollesse à l'endroit de la colonisation marocaine. Il est aujourd'hui clair que le Conseil de sécurité de l'ONU devrait prendre des résolutions fermes et contraignantes pour forcer le Royaume chérifien à respecter les droits humains les plus élémentaires au Sahara occidental et, en premier, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Sans cela, l'armée royale poursuivrait certainement ses persécutions dans les territoires occupés et le roi en ferait autant avec ses déclarations tonitruantes et ses diversions les plus invraisemblables. Si un tel climat venait à se perpétuer, il ne serait pas exclu de voir le Polisario reprendre les armes avec les conséquences qu'on devine sur l'ensemble de la région nord-africaine. K. A.