La population de Bouira, qui était désignée pour la célébration des deux dates symboliques de l'histoire du pays (le 20 Août 1955 pour l'insurrection dans le Constantinois menée par Zighoud Youcef et le 20 Août 1956 pour le congrès de la Soummam) dans le recueillement et l'espoir a été réveillée par deux explosions et a vécu une journée à pleurer ses morts. C'est ainsi qu'a été la journée d'hier au niveau de la ville de Bouira, une localité de la wilaya qu'on croyait un havre de paix en dépit des attentats sporadiques commis çà et là dans les localités environnantes. Une journée auparavant, les citoyens ont exprimé leur crainte face à la recrudescence des actes terroristes enregistrés ces derniers mois au niveau du centre du pays et principalement en Kabylie. Certains citoyens se sentaient cependant quelque peu non concernés «tant que cela n'arrive qu'ailleurs». De mémoire, ces derniers se rappellent pourtant de l'attentat contre la caserne de Lakhdaria, le mois de juillet de l'année dernière, de l'attaque du même genre contre un convoi transportant des travailleurs de la société Razel et du tout récent attentat suicide à l'aide d'une moto contre une patrouille de l'ANP dans la même région. Dans leurs discussions quotidiennes, certains citoyens affirment ressentir un minimum de sécurité en constatant le déploiement des services de sécurité et toutes les mesures prises dans les grandes agglomérations, dont l'ouverture de plusieurs sièges de Sûreté dans les localités rurales. D'autres, ne voyant aucune sortie rapide à la tragédie qui continue d'endeuiller le pays, voudraient croire les discours rassurants des responsables en espérant qu'ils sont basés sur des données réelles et non sur de simples supputations et que les appels à la vigilance ne sont formulés que pour réduire au maximum la marge de risque, sachant que le risque zéro ne peut être garanti ni en Algérie ni ailleurs dans le monde. Pourtant, depuis le début de l'été, et même avant, le terrorisme a fait des ravages, a endeuillé des familles et fait des orphelins. A ce propos, nombre d'observateurs soutiennent que les dispositifs mis en place pour la sécurisation des endroits publics et des sites susceptibles d'être la cible d'attentats terroristes ainsi que la lutte antiterroriste que mènent les services de sécurité ne peuvent en aucun cas être efficients s'ils ne sont pas appuyés par un véritable travail de prise en charge sur le terrain social. Car la société, confrontée à la misère et à l'injustice, constitue un véritable terreau pour tous les fléaux et déviations. L'absence de perspectives, le chômage, le mal-vivre sont capables de transformer un jeune sain d'esprit en harrag, en marginal ou le pousser à s'enrôler dans un groupe terroriste qui aura tôt fait de le transformer en chair à canon.