L'Association “Machaâl Echahid” en collaboration avec le quotidien El Moudjahid a organisé à l'occasion de la Journée nationale du moudjahid, une conférence sur le thème “En reconnaissance aux deux martyrs Zighoud Youcef et Abane Ramdane”. Une occasion pour certains de leurs frères d'armes de remémorer le parcours révolutionnaire de ces deux figures de la Révolution algérienne. Trois figures qui ont connu de près ces deux symboles de la nation algérienne se sont relayées pour apporter des témoignages poignants sur les événements du 20 Août 1955 dans le Nord constantinois et le congrès de la Soummam le 20 août 1956 à Ifri, wilaya de Béjaïa. Mais avant cela, c'est le professeur Abdelhamid Chikhi, directeur des Archives nationales, qui, tout en se disant incompétent d'évoquer le parcours des deux martyrs, n'a pas omis de donner quelques impressions sur l'écriture de l'histoire, insistant sur le fait que les historiens écrivent pour des objectifs déterminés et qu'il est impératif que leurs écrits jouissent d'objectivité. “J'aimerais apporter ma contribution pour évoquer le parcours de Zighoud Youcef et de Abane Ramdane, ces deux symboles de notre révolution, mais je préfère laisser cela à leurs frères d'armes qui les ont côtoyés de près. Mais je parlerai de l'histoire et de son écriture. Aujourd'hui, plusieurs témoignages et écrits se retrouvent contestés et il y a des difficultés. Par exemple, en évoquant le 1er Novembre 1954, il faut, avant de commencer à parler de ce jour historique, parler de ce qui s'est passé avant et ensuite après cette date. Il faut donc rester vigilants et bien comprendre l'histoire avant de commencer son écriture, car son écriture répond à deux logiques, la première philosophique, la seconde révolutionnaire”, dira-t-il avant de céder la parole aux autres invités. Ce sera au tour de Brahim Cheibout de Constantine, ami de Zighoud Youcef, de raconter avec beaucoup d'émotion et de donner une esquisse sur l'homme et le chef que fut Zighoud Youcef. “C'était un orphelin et un forgeron dont la famille est d'origine d'El-Milia. Sid Ahmed, comme on l'appelait au maquis, a vite rejoint le militantisme politique en intégrant les rangs du PPA, du MTLD et ensuite l'Organisation secrète (OS) grâce à Mohamed Boudiaf. Zighoud Youcef n'était pas un militaire, mais il était un chef de guerre hors pair. Il était l'artisan des événements du 20 Août 1955, alors chef de la wilaya II Nord constantinois. Ce jour-là, il dira : “Nous devons montrer à notre peuple que nous sommes capables de le mener vers l'indépendance.” Il ajoutera qu'après cette attaque, la vengeance de l'armée française fut “sans pitié” avec des représailles qui ont fait plus de 12 000 martyrs. Après cela, c'est au tour de Abdelhafidh Amokrane de prendre la parole et évoquer le congrès de la Soummam et l'un de ses artisans à savoir Abane Ramdane. “Il fallait une organisation nationale pour la révolution qui a commencé en 1954. Une organisation politique et militaire en même temps. C'est donc Abane qui s'est chargé de cela. Au départ, il était question d'organiser cette grande réunion, qui n'a pas été encore baptisée congrès au lieu-dit Kalaât Béni Abbas lors de l'opération “espérance”, menée par les autorités coloniales qui ont eu vent des préparatifs. Ils ont bombardé cette région ne ratant aucun village. C'est ainsi que Abane a décidé de changer de lieu et d'opter pour la région d'Ifri. Toutes les délégations de différentes régions du pays étaient présentes et pendant onze jours qu'ont duré les travaux, on se déplaçait chaque jour sillonnant pas moins de six villages avant de terminer les travaux du congrès au lieu-dit Ifri, qui est devenu musée aujourd'hui. Le président du congrès était Larbi Ben M'hidi secondé par Abane Ramdane. Il y avait entre autres, Krim Belkacem, Amirouche Aït Hammouda et Ali Kafi, mais Zighoud Youcef a intimé l'ordre à ce dernier de quitter le congrès et de retourner à Constantine. Des réunions, il y en avait chaque jour, certaines à huis clos, où par exemple pour la wilaya 3 seul Krim Belkacem en sa qualité de chef était autorisé à y prendre part”, dira entre autres Abdelhafidh Amokrane. De son côté Amar Bentoumi avocat de Abane Ramdane au moment de son incarcération à la prison de Serkadji et de l'entretien de Abane Ramdane avec le directeur de la prison. “Je suis le chef concernant les prisonniers politiques”, dira-t-il à l'adresse du directeur qui rétorquera : “Tu te trouves face à un mur”. Abane Ramdane dira alors :“Tous les murs sont destructibles”.