La ville d'El Ayoun occupée s'est transformée en «ville fantôme», alors que le camp de Gudeim Izik est devenu «une fosse commune» suite à l'assaut des forces marocaines contre ce camp lundi dernier. C'est du moins ce que soutient le ministre des Territoires occupés et de la Communauté sahraouie établie à l'étranger, M. Khalil Sidi Mhamed. Le black-out marocain sur cette ville et l'interdiction à tout journaliste ou organisation internationale de s'y rendre ne font qu'augmenter les craintes des Sahraouis de la poursuite d'une répression aveugle des occupants des campements, mais aussi des arrestations arbitraires et l'instauration d'un climat de terreur dans la ville. «L'armée marocaine procède au nettoiement de la ville dans un climat de terreur, alors que les bulldozers commencent à enterrer les morts dans des fosses communes pour gommer les traces des crimes», a indiqué le ministre sahraoui dans une déclaration à l'agence de presse sahraouie (SPS), reprise par l'agence de presse algérienne (APS). «Les forces d'occupation marocaines mettent en œuvre une politique d'épuration ethnique contre tous les Sahraouis qui subissent, a-t-il dit, toutes formes d'exactions et d'intimidations par les forces de répression et les colons marocains». Le ministre sahraoui a souligné que les «Sahraouis ne pouvaient pas sortir pour se ravitailler en nourriture ni en médicaments», relevant la difficulté de communiquer en raison du «blocus imposé par les forces marocaines aux citoyens sahraouis». La communauté internationale continue, de son côté, à exprimer sa condamnation et sa réprobation, quatre jours après l'attaque marocaine contre les civils sahraouis du «camp de la Liberté». Des quatre coins du monde, des voix s'élèvent pour dénoncer cette agression et protester contre la répression brutale menée par les forces d'occupation marocaines contre le camp de Gudeim Izik (à l'est de la ville occupée d'El Ayoun) où vivaient plus de 25 000 citoyens sahraouis, notamment des enfants, des femmes et des personnes âgées. En Angleterre, les députés britanniques ont exprimé, jeudi dernier, par la voix du président de groupe parlementaire britannique de soutien au peuple sahraoui, M. Jeremy, leur «vive condamnation» et appelé le gouvernement de leur pays à intervenir de «toute urgence» et à faire «pression» sur le Maroc afin de mettre un terme à la répression qui s'abat quotidiennement sur la population sahraouie. Le département d'Etat américain a également réagi en faisant part de sa «préoccupation» face à la «tragique situation» prévalant au Sahara occidental, tandis que plusieurs membres du Congress ont appelé le président Barack Obama à une «intervention urgente». «Dans les territoires occupés du Sahara occidental, des milliers de Sahraouis sont en danger imminent», ont-ils souligné. Ils ont également relevé dans leur message au chef de l'Etat américain que «le Maroc a toujours réprimé les droits du peuple sahraoui à la liberté d'expression et à la liberté d'association dans les territoires occupés», citant les rapports établis en ce sens par Human Rights Watch et Amnesty International. La ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez a indiqué, hier, que l'Espagne avait demandé au Maroc des «éclaircissements» de manière urgente sur les violences qui ont suivi le démantèlement d'un campement de contestataires sahraouis au Sahara occidental. «L'Espagne considère que doivent être éclaircies de manière urgente les circonstances [des violences, ndlr] et nous l'avons fait savoir au gouvernement du Maroc», a déclaré la ministre espagnole. Dans ce contexte, Amnesty International a dénoncé la «brutalité» des forces marocaines d'occupation à El Ayoun. «Cette brutalité est délibérée et tous les témoins ont été écartés. Journalistes, avocats, parlementaires, ONG sont interdits d'entrée au Sahara occidental pour vérifier l'ampleur des événements à El Ayoun occupée», souligne cette ONG qui estime, en outre, que le bilan des victimes «va s'alourdir puisque les forces armées et de police continuent leurs ratissages dans El Ayoun avec une extrême violence». Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir, hier en fin de journée, pour examiner le rapport du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU consacré à l'agression marocaine. A la demande du Mexique, l'un des dix membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, cet organe onusien avait entamé, mardi dernier, les démarches pour convoquer une réunion d'information sur l'assaut militaire mené par le Maroc contre la population sahraouie du camp d'El Istiklal. G. H.