Affirmant que le camp de Gdeim Izik où campaient plus de 25 000 Sahraouis “s'est transformé en une fosse commune où, à l'heure actuelle, les forces marocaines y enterrent les cadavres avec des bulldozers militaires”, alors qu'Al-Ayoune s'est transformée en “ville fantôme”, un responsable sahraoui accuse Rabat de génocide. La répression marocaine bat son plein au Sahara occidental, notamment à Al-Ayoune et la deuxième grande ville du pays, Smara, est gagnée par les violences. Le ministre des Territoires occupés et de la Communauté sahraouie établie à l'étranger, Khalil Sidi M'hamed, a indiqué, hier, que la capitale sahraouie occupée par le Maroc, Al-Ayoune, s'est transformée en une “ville fantôme” depuis l'assaut “meurtrier” des forces marocaines contre le camp de Gdeim Izik et les émeutes qui s'en sont suivies lundi dernier. Selon l'agence SPS, qui a repris ses déclarations, le ministre a déclaré : “Al-Ayoune s'est transformée en une ville fantôme (…) Les rues ont été désertées par les habitants autochtones qui craignent d'être lynchés par les colons épaulés par l'armée (…) C'est un nettoyage ethnique contre tous ceux qui portent l'habit traditionnel sahraoui, boubou, melhfa (voile) ou turban (…) Personne ne peut sortir pour se ravitailler en nourriture ou en médicaments.” La même source indique qu'à Al-Ayoune, les militaires marocains procèdent au nettoyage de la ville dans un climat de terreur, “pour gommer les traces de leurs crimes abominables”, tout en précisant que la besogne macabre se fait “en dehors de tous les regards indiscrets”, sachant que le Maroc a “délibérément fermé le territoire sahraoui à tous les médias, aux observateurs internationaux et aux élus européens qui voulaient s'y rendre”. Washington s'invite dans le dossier et Amnesty veut une enquête indépendante Devant ces développements, la communauté` internationale n'est pas restée de marbre, à l'image des Etats-Unis, qui ont exprimé leur préoccupation sur la situation au Sahara occidental par la voix du département d'Etat, tandis que plusieurs membres du Congrès ont appelé le président Barack Obama à une “intervention urgente” pour mettre un terme à cette “tragique situation”. En effet, au lendemain de la troisième réunion informelle Polisario-Maroc, tenue les 8 et 9 novembre à Manhasset (New York), le département d'Etat américain a fait part à la délégation sahraouie qui a participé aux pourparlers qu'il suivait “avec préoccupation” la situation qui prévaut au Sahara occidental, a révélé le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, à l'agence APS. Cette inquiétude a été exprimée lors de la rencontre entre la sous-secrétaire d'Etat adjointe américaine chargée des Affaires de l'Afrique du Nord auprès du département d'Etat, Mme Janet A. Sanderson, et les membres de la délégation sahraouie. Vu la gravité de l'opération militaire marocaine, la représentante du département d'Etat a assuré à la délégation sahraouie que ses services “étaient en train de réunir toutes les informations nécessaires sur la situation afin d'avoir une idée plus claire”, confie la même source. La délégation sahraouie a fait savoir à la diplomate américaine que “l'opération menée par les forces de l'ordre marocaines a été perpétrée délibérément par le Maroc pour poursuivre son oppression contre le peuple sahraoui et pour saborder le processus de paix mené actuellement sous l'égide de l'ONU”. Dans ce cadre, les responsables sahraouis ont demandé aux Etats-Unis, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, de “faire le nécessaire pour dévoiler la vérité sur cette escalade militaire et sur la dimension de cette tragédie, à travers l'envoi d'une mission d'enquête par le Conseil du sécurité, laquelle constitue un élément indispensable pour maintenir la confiance dans le processus de paix qui est sabordé par la partie marocaine”. En outre, plusieurs congressistes américains des deux Partis démocrate et républicain ont adressé une lettre au président Obama dans laquelle ils l'exhortent à “intervenir pour mettre fin à la situation tragique” qui prévaut au Sahara occidental. “Nous sommes très préoccupés par les récents rapports sur la violence dont font l'objet d'innocents Sahraouis par les forces de sécurité marocaines à Al-Ayoune, et nous demandons au gouvernement d'appeler le Maroc à mettre fin à cette violence”, notent-ils, ajoutant que “le Maroc continue à empêcher les organisations humanitaires internationales et la presse d'entrer dans les camps sahraouis pour faire leurs rapports sur la situation et évaluer les besoins des manifestants sahraouis”. De son côté, Amnesty International a demandé, jeudi, au Maroc, d'ouvrir une “enquête indépendante” suite à l'attaque menée, lundi dernier, par les forces d'occupation marocaines contre le “camp de la liberté” de réfugiés sahraouis près de la capitale occupée Al-Ayoune. Déplorant le fait que des centaines de Sahraouis avaient été victimes de cette agression, Amnesty International a souligné que des milliers de Sahraouis ont été chassés de ce camp par les forces marocaines. Pour le directeur de l'organisation pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, M. Malcolm Smart, “il s'agit (...) d'incidents très sérieux qui menacent d'aggraver davantage la situation au Sahara occidental”.