Le Premier ministre sortant Nouri Al Maliki devrait s'atteler dans les prochains jours à former le gouvernement irakien. Mais la mission pourrait s'avérer difficile. Son rival, Iyad Allawi, l'accuse de ne pas respecter l'accord sur le partage du pouvoir conclu entre les différentes parties. Après huit mois d'impasse, l'Irak est parvenu jeudi à mettre en marche un mécanisme en vue de la formation du cabinet. L'accord en question porte sur l'attribution des trois plus importantes charges du pays. Les députés choisis lors des législatives du 7 mars ont ainsi élu leur président, le sunnite Oussama Al Noujaifi, puis réélu à la présidence de la République le Kurde Jalal Talabani. Ce dernier a aussitôt chargé le chiite Maliki de former le prochain gouvernement. Mais signe de la difficulté de la tâche, une soixantaine de députés d'Iraqiya sur 91, la liste de Allawi, soutenue par une majorité de sunnites, ont boycotté l'élection de Talabani. Objet de la discorde : le «non-respect» par le camp Maliki de l'application de l'accord politique. Les réserves d'Iraqiya ne manqueront pas de susciter un nouveau bras de fer en Irak. Iraqiya, le nouveau bloc fort de l'Irak, a remporté de justesse les législatives (91 sièges sur 325). Avec l'appui remarqué des partis sunnites. Iraqiya a posé quatre conditions à sa participation au processus politique en cours : vote d'une loi créant le CNPS, examen par une commission ad hoc de la situation des détenus politiques, officialisation par écrit de l'accord de partage du pouvoir et annulation des décisions de bannir trois membres d'Iraqiya pour leurs liens présumés avec le Baath, l'ancien parti au pouvoir du temps de Saddam. La participation de la communauté sunnite au gouvernement est jugée cruciale pour la stabilisation d'un pays à la mosaïque ethnique complexe. L'Irak a connu de sanglants combats confessionnels en 2006 et 2007. Et la violence est toujours à son paroxysme. Les dernières attaques touchant des églises chaldéennes suscitent l'appréhension sur la montée des périls. Et la crise politique ne semble pas près de s'estomper. Allawi, qui a longtemps revendiqué le poste de Premier ministre, a enfin accepté de laisser ce fauteuil à Maliki qu'il accuse d'exercer un pouvoir personnel et de monopoliser les décisions. En compensation, Allawi devrait présider un nouveau Conseil national de la politique supérieure (CNPS), nouvelle instance dotée de pouvoirs exécutifs. L'idée a été avancée par les Etats-Unis. Avec toujours 50 000 militaires en Irak, les Américains peuvent encore «influer» sur le pouvoir en Irak. M. B.