Malbouffe, déjeuner sur le pouce, grignotages à toute heure, nos mauvaises habitudes alimentaires n'ont rien à envier à celles des Occidentaux qui ne jurent que par le fast-food et le surgelé. On assiste d'ailleurs à une progression des cancers de l'estomac et du côlon en répercussion de ces comportements. Les Algériens sont devenus adeptes des hamburgers et des pizzas, jusqu'aux enfants qui en raffolent et qui vont jusqu'à bouder la table. Au détriment de leur santé, ces derniers troquent volontiers le repas de midi contre un sandwich au mélange explosif mayonnaise-h'rissa et un soda. Les travailleurs, eux, n'ont pas souvent le choix. Durant la pause déjeuner, les pizzerias se présentent comme la seule alternative. Frites, viande hachée, merguez sont désormais les aliments privilégiés des Algériens. Conséquence d'une vie mouvementée, le stress a, lui aussi, une grande part dans la prévalence des pathologies gastriques. Mais il existe un aspect qu'on n'évoque pas souvent, celui lié à l'ingestion de produits caustiques. Il s'agit pourtant d'un accident domestique parmi les plus courants et les plus mortels qui touche surtout les enfants. Un rangement inapproprié de ces produits, les exposant à la vue et les mettant à la portée de tous, dans des emballages tout aussi inappropriés, et c'est souvent le drame. Des produits décapants dont raffolent les ménagères, notamment pour nettoyer leur four ou pour désobstruer les canalisations de leur évier ou de leurs sanitaires, peuvent devenir fatals pour leurs enfants, et même pour les adultes qui, par inadvertance, peuvent ingurgiter un liquide ayant le même aspect que l'eau. L'ingestion de ces produits n'est pas toujours accidentelle. Beaucoup y ont recours pour mettre fin à leur vie. Un geste désespéré lorsqu'on choisit la mort comme ultime solution, lorsqu'on estime qu'il n'y en a pas d'autre. Mais les conséquences de ce geste peuvent s'avérer pires que l'existence qu'on voulait fuir. L'œsophage et l'estomac brûlés, c'est le chemin de croix qui commence pour ces personnes que le désespoir a poussées à l'extrême. D'autant plus qu'il n'existe pas de structures destinées à la prise en charge des personnes souffrant des séquelles de l'ingestion (accidentelle ou volontaire) de produits caustiques. Les hôpitaux de Kouba et de Bologhine ainsi que la clinique des Orangers sont régulièrement saturés, étant les seuls à s'occuper de ce genre de problème. On y vient de toutes les régions du pays pour y soigner ces brûlures graves qui laissent très souvent des séquelles définitives affectant la fonction digestive. Ces structures sont largement insuffisantes au vu de la multiplication des cas d'ingestion de produits caustiques. Alors que les hôpitaux des wilayas d'Oran et de Constantine commencent à peine à intervenir dans ce domaine, il est plus que temps pour les pouvoirs publics de généraliser ce genre de prise en charge. R. M.