Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia L'ouverture le 4 août dernier du plus grand centre commercial d'Algérie à Bab Ezzouar, en attendant, celui d'Ardis (prévu pour le premier semestre 2011), a relancé le déploiement des grandes marques internationales dans le pays. La liste des enseignes mondiales installées en Algérie sous forme de franchise s'élargit de plus en plus. En effet, de grandes enseignes étrangères de cosmétiques, prêt-à-porter, chaussure, bagagerie, restauration,... font désormais partie du paysage algérien. Ces grandes marques occidentales poussent comme des champignons dans notre pays, particulièrement sur les principales artères de la capitale. Désormais, le consommateur algérien, quand il a les moyens financiers - les prix affichés ne sont pas à la portée des petites bourses- n'est plus obligé de se rendre à l'étranger pour s'offrir quelques produits labellisés qui, il y a quelques années seulement, étaient introuvables en Algérie,. En effet, il lui suffit de se rendre dans ce nouveau quartier commercial qu'est Sidi Yahia, dans la commune de Hydra, ou dans un de ces nombreux magasins ouverts dans les grandes artères de la capitale pour faire ses emplettes. Au centre commercial de Bab Ezzouar, à Sidi Yahia ou à la rue Didouche Mourad, où les loyers peuvent atteindre un million de dinars par mois, les magasins sont aménagés et décorés comme l'exige la marque qu'ils représentent. La première image qui vous frappe à l'entrée du magasin est cette présentation qui vous donne l'impression d'être dans un point de vente de la marque à l'étranger. Grandes affiches publicitaires disposées aux quatre coins du magasin, qui comporte, parfois plusieurs étages, clips vidéo vantant les produits de l'enseigne diffusés en boucle sur grand écran, bonne présentation du produit, bon accueil et amabilités des employés reconnaissables à leurs tenues frappées du logo de la marque... Le client est accueilli avec de larges sourires commerciaux, entouré, conseillé et remercié de sa visite, même s'il n'a rien acheté.A la rue Didouche Mourad, on trouve le magasin Actua, qui a ouvert ses portes il y a quelques années. Conçu selon les concepts de la chaîne en vigueur de par le monde, l'établissement vise les deux sexes, tous âges confondus. L'accueil est parfait et les vendeurs sont aimables. Mais si le client a l'embarras du choix, les prix ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Le créneau de l'habillement est tellement porteur que les propriétaires de ces magasins envisagent d'ouvrir d'autres boutiques dans d'autres wilayas. C'est le cas de Celio, une marque de «prêt-à-porter» masculin. Elle a inauguré son premier magasin à Alger en septembre 2005. Déjà présent au Maroc, en Tunisie, l'habilleur français compte ouvrir une dizaine de boutiques en Algérie dans les 5 ans à venir. Par ailleurs, Yves Rocher est le premier, dès 2003, à ouvrir plusieurs magasins à Alger. Aujourd'hui, il en compte 10 dont 5 dans la capitale, 2 à Oran, 1 à Tizi Ouzou, Béjaïa, Hassi Messaoud et Sétif. Un moyen pour lutter contre la contrefaçon Le recours à ce genre de contrats commerciaux en Algérie a connu une courbe ascendante à partir de l'année 2003. La franchise a commencé à faire ses premiers pas en Algérie avec notamment la présence des grandes multinationales de prêt-à-porter, restauration, parfumerie… En revanche, les premières franchises enregistrées dans les milieux d'affaires algériens sont avec Danone-Djurdjura, Coca-Cola et Pepsi-Cola. «La franchise existe dans notre pays depuis quelques années, mais depuis 2003, on assiste à un autre mode qui est la franchise de distribution», selon l'Association nationale de la franchise. Quant au nombre de contrats réalisés via ce concept, la représentante de l'association reconnaît ne pas pouvoir donner de chiffres précis, mais fera toutefois remarquer que le nombre des franchisés ne cesse de s'accroître. «C'est difficile de connaître le nombre exact, mais le nombre est toujours croissant. Vous n'avez qu'à voir autour de vous, pratiquement dans toutes les rues, les boutiques portant les marques des multinationales», précise-t-elle. Du côté des pouvoirs publics, cette pratique est des plus capitales, en ce sens qu'elle peut servir de moyen de lutte contre la contrefaçon. A ce propos, un cadre au niveau du ministère du Commerce a laissé entendre que les pouvoirs publics misent beaucoup sur cette stratégie, qui permettra également au consommateur de se procurer des produits commerciaux de qualité. «Ces derniers temps, l'Algérie est gangrenée par le phénomène de la contrefaçon qui fait des ravages, et l'informel qui empoisonne l'économie nationale. La franchise est une manière directe de lutter contre le commerce informel», affirme le responsable. Transfert des royalties, l'autre problème de la franchise Toutefois, l'engouement tant attendu autant par les Algériens, qui demeurent, de l'avis des spécialistes en économie, des consommateurs par excellence (80 000 DA de dépenses annuelles par personne et 330 000 DA par ménage), que par les opérateurs économiques, qui commencent, faut-il le rappeler, à s'intéresser à la franchise avec tout ce qu'elle a comme vertus, n'est pas au rendez-vous. Et pour cause, les conditions d'application de ce concept commercial ne sont, à présent, pas favorables. La législation algérienne ne facilite guère la mise sur pied des contrats de franchise, car le code du commerce algérien n'a pas pris en compte la notion de franchise, et la Banque d'Algérie interdit le versement des royalties. L'autre entrave mise en exergue par certains industriels qui veulent investir dans ce mode commercial a notamment trait à l'absence d'une chaîne logistique, moderne, et d'une plus grande fluidité du commerce extérieur. S'agissant de l'absence d'un cadre juridique devant régir cette pratique commerciale, certains spécialistes en la matière ont précisé que l'institution bancaire n'autorise pas le transfert des royalties. En attendant d'y voir plus clair, ils préconisent aux prétendants à cette nouvelle formule commerciale de choisir l'option de représentation exclusive au lieu de franchise. Car, analysent-ils, la modification des lois nécessitera beaucoup de temps, tout en souhaitant faire intégrer la franchise dans des dispositifs, qui visent à créer de l'emploi, comme celui de l'Ansej.