Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Sans aucun doute, les petites et les moyennes entreprises (PME) jouent un rôle fondamental dans le processus de développement économique et social d'un pays. A travers le monde, par la flexibilité de leurs structures, leur capacité à s'adapter aux pressions multiformes de l'environnement économique, leur aptitude à assurer une intégration économique et le développement des régions, les PME sont au centre des politiques industrielles et des préoccupations politiques des Etats soucieux de préserver et de développer l'emploi. Quid de l'Algérie ? Si le dernier programme complémentaire pour la relance économique qui s'étale de 2009 à 2014, prévoit la création de 200 000 nouvelles PME, l'environnement économique du pays est-il favorable à une telle entreprise, et favorisera-t-il leur développement ? Car, à présent, en dépit de la création de pas moins de 450 000 PME à fin novembre 2009, contre 110 000 PME en 2001, le taux de mortalité de ces entités reste dangereusement élevé, soit près de 10% selon certains experts. Le motif ? Les PME algériennes disposent, certes, de l'avantage d'avoir des structures de coût de travail favorables, mais elles sont confrontées à des carences importantes dans le domaine des technologies, de la qualité des produits, de la formation des ressources humaines, du management et des coûts de transaction qui obèrent non seulement leur compétitivité, mais, à moyen terme, leur pérennité, voire à cours terme leur survie, avec le démantèlement tarifaire et l'ouverture économique. En dépit de ces contraintes, ainsi que des écueils au financement, les pouvoirs publics ont procédé, ces derniers temps, à l'installation des mécanismes pouvant favoriser la pérennité des petites et moyennes entreprises. En plus de la volonté de création des structures pouvant être d'un apport considérable au processus de création des PME ainsi qu'à leur développement, en l'occurrence les incubateurs et les pépinières, les pouvoirs publics ont procédé, à la fin de l'exercice écoulé à la création d'un comité ad hoc chargé de réfléchir sur la problématique du développement et du renforcement des capacités des PME. Avant d'évoquer les objectifs de ce comité, il est utile de rappeler que, pour ce qui concerne les incubateurs et les pépinières d'entreprises, au niveau du ministère des PMI/PME et de l'Artisanat, il a été prévu la réalisation de 10 pépinières durant le premier semestre 2010. Le coût global financier des différents projets en cours s'élève à 778,5 millions de dinars, et sera de l'ordre de 1 117 millions de dinars après réévaluation, explique-t-on au niveau du département de M. Benbada. Pour ce qui est du comité ad hoc, dont l'installation s'est faite à la fin de l'année dernière, il est composé de membres du Conseil national économique et social (CNES), des représentants du Conseil national consultatif/PME. Quel est le rôle de ce comité ? Il se penchera sur les moyens susceptibles d'assurer le développement des PME en Algérie, indique-t-on, en résumé. En effet, face à l'absence des conditions nécessaires pour assurer la compétitivité des petites et moyennes entreprises, les deux structures chapeautant ce comité, en l'occurrence le CNES et le CNC/PME, ont dû arrêter une démarche cohérente pour la promotion des PME. Mohamed Seghir Babes, président du CNES, l'a d'ailleurs souligné lors de son intervention, au cours de la cérémonie d'installation dudit comité, tenue à la résidence Djenan El Mithak. Il s'agit, en fait, de la nécessité de coordonner les efforts entre les acteurs du terrain et les acteurs institutionnels, d'autant plus que «la volonté politique» existe, afin de promouvoir et de développer les PME. Le tout, afin d'assurer le passage d'une économie administrée à une économie de marché dont les PME constituent la base. «Il faut que les choses soient décidées et que les stratégies soient arrêtées», notera M. Babes à ce sujet, allusion faite à la nécessité de mettre une place un plan de développement pour les PME avec des mesures concrètes. Un point également soulevé par le ministre de la PME et de l'Artisanat, M. Mustapha Benbada, pour qui l'importance devrait être donnée aujourd'hui à la mise en place d'un dispositif institutionnel pour assurer l'organisation du secteur. Au niveau du département de M. Benbada, le développement des PME implique l'émergence de nouvelles gouvernances fondées en particulier sur une gestion saine et moderne avec un cadre macroéconomique incitatif favorable à la libre concurrence. Pour cela, M. Bensaci, président du CNC/PME, a indiqué que la mise en place du comité ad hoc marque une évolution très significative dans l'approche de cette problématique du développement de la PME qui a besoin, en outre, d'être revisitée à la lumière des premiers enseignements de la crise économique mondiale. «La PME a besoin d'être revisitée parce que le défi lancé par le président de la République consistant en la création de 200 000 PME pour les cinq années à venir impose des initiatives fortes à tous les niveaux et des mesures à la hauteur de ce défi», explique Bensaci. 160 milliards de dinars pour la mise à niveau des PME Tout en gardant à l'esprit toutes ces considérations que l'on pourrait aborder dans le cadre du comité ad hoc, pour les spécialistes en la matière, cette problématique du développement de la PME peut être subdivisée en plusieurs sous-thèmes qui pourraient être examinés. Il s'agit, entre autres, des conditions et mesures à mettre en place pour assurer la compétitivité de nos PME (innovation, transferts technologiques, recherches et développement, politique de l'emploi, management, ingénierie…), du rôle que peuvent jouer la sous-traitance et les marchés publics dans la promotion des PME. Il est utile d'indiquer par ailleurs que la création de PME puis leur développement nécessitent un accompagnement en amont et ce, par le biais d'organismes qui peuvent jouer ce rôle. Beaucoup de pays, en plus des étapes de création des PME, au demeurant classique, ont pris des mesures traduites par la mise en œuvre de structures qui accompagnent ces PME et ce, depuis leur création jusqu'à la phase de maturation. C'est dans cette optique que le gouvernement compte créer, en plus des organismes existant un Conseil national de la mise à niveau des PME. Sous la présidence du Premier ministre, ce conseil qui sera créé vers la fin du premier trimestre en cours, sera doté d'une enveloppe financière de l'ordre de 160 milliards de dinars. Il concernera la mise à niveau de pas moins de 20 000 PME dans les cinq ans à venir, avec une moyenne de 4 000 PME par an. Selon M. Benbada, le montant alloué pour chacune des PME dans le cadre de leur mise à niveau peut atteindre 8 millions de dinars, avec un montant initial de la part de ladite entreprise.