à l'occasion du 40ème anniversaire de la disparition de la grande diva du chant hawzi, Fadhila Dziria, un vibrant hommage lui a été rendu, samedi dernier, à l'Institut national supérieur de musique (Insm), en présence de nombreux artistes, proches et admirateurs de la grande dame. Radia Salmi, nièce de la défunte Fadhila Dziria, a souligné que cela faisait de longues années qu'elle voulait organiser cette rencontre afin de perpétuer la mémoire du parcours exceptionnel de la grande dame de la chanson algérienne. Elle souligne à cet effet que «Fadhila en tant qu'interprète, était passionnée par son art et chantait de bon cœur. Sa voix fut un don du ciel qu'elle a su développer et mettre au service du patrimoine musical andalou, notamment, le style algérois». Radia Salmi confie à propos des souvenirs qu'elle garde de son illustre tante : «Sincèrement, je n'ai pas vraiment connu Fadhila Dziria car j'avais à peine sept ans quand elle nous a quittés. Mais, j'avais beaucoup d'admiration pour elle. Fadhila Dziria était une grande dame aux nombreuses qualités humaines. Je garde d'elle, l'image d'une femme généreuse et modeste, toujours à l'écoute des autres et prête à aider les nécessiteux.» Elle ajoute que c'est dans cet esprit d'altruisme que son association a été créée pour promouvoir et sauvegarder la mémoire de la défunte et œuvrer pour créer un club féminin artistique spécialisé dans la musique andalouse et hawzi. L'hommage a débuté dans la matinée, avec le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de la défunte au cimetière El Katar. De retour à l'Insm, une autre gerbe de fleurs a été déposée au niveau de l'auditorium qui porte le nom de celle qui a marqué d'une empreinte indélébile la chanson algéroise. Ces instants solennels ont été suivi de la découverte de l'exposition photos, dédié à Fadhila Dziria, sur les airs des célèbres chansons Ana touiri et Mal H'bibi malou. Les personnes présentes sont conviées ainsi, à découvrir des portraits de l'artiste ainsi que de nombreux clichés témoignant de son riche parcours artistique. Immortalisées sur la pellicule, toute la grâce et l'élégance de la grande dame sont mises en valeur notamment à travers l'incontournable tenue traditionnelle algéroise : «karakou», «mhramet leftoul» et «khit el rouh ». On découvre aussi une Fadhila Dziria sur les tarmacs d'aéroport, lors de ses tournées internationales dans des tailleurs de haute-couture impeccablement portés. L'assistance est ensuite conviée à découvrir un documentaire réalisé dans les années 1980 sur le riche parcours de l'artiste. Une grande émotion régna dans la salle de projection où durant plus d'une heure, l'artiste disparue, grâce à la magie de l'audiovisuel, jaillit sur l'écran dans toute la splendeur de son talent et aussi de son timbre de voix qui est toujours aussi poignant. Dans la salle, des youyous fusèrent, à chaque passage d'une chanson ancrée dans la mémoire de plusieurs générations de mélomanes.Le documentaire fut aussi l'occasion de redécouvrir les talents de la comédienne Fadhila Dziria, à travers les extraits de pièces, pour lesquels le regretté Mahieddine Bachtarzi, l'avait engagée à l'instar de Mayenfaâ ghir essah et Dawlette en'ssa. De son vrai nom Fadhila Madani, Fadhila Dziria, est née le 25 juin 1917 à Alger. Dès son plus jeune âge, elle admirait la mâalma Yamna dont elle fredonnait les chansons, développant ainsi une voix envoûtante au timbre particulier. Découverte par Abdelhamid Ababsa, elle intégra dans les années 1930, la troupe de la chanteuse Meriem Fekkaï qui animait les soirées de fêtes, à Alger. En 1949, elle enregistre son premier disque Mal h'bibi malou au succès retentissant jusqu'à nos jours. Elle participa à la guerre de la libération nationale en tant qu'agent de liaison et chargée de la collecte des fonds. Arrêtée par la police coloniale, elle a été emprisonnée à Serkadji. A sa sortie de prison, elle forme son propre ensemble musical féminin qui connaît de grands succès. Après l'indépendance, elle reprend sa participation à la radio et à la Télévision avant de décéder le 6 octobre 1970 à Alger.La fin de la projection a été saluée par les youyous et l'applaudissement des présents dont certains étaient émus aux larmes. Il y a eu aussi des témoignages de ceux qui l'ont côtoyée de son vivant, à l'exemple de Brahim Bahloul, ancien directeur et chorégraphe du Ballet national algérien qui l'avait accompagnée dans de nombreuses tournées, ainsi que le compositeur et musicien Mustapha Sahnoun, responsable de l'orchestre de la Rose blanche qui avait accompagné la diva lors de sa dernière tournée. Yaala Saadi, qui avait connu la défunte lorsqu'il avait 24 ans alors qu'elle se produisait au «Majestic», partagea avec l'assistance un émouvant poème intitulé Adieu Fadhila, qu'il avait écrit une semaine après le décès de la «plus grande cantatrice algérienne».Pour rappel, un grand hommage a été rendu à Fadhila Dziria, lors de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», à travers notamment l'édition d'une grande partie de son œuvre en coffret CD, accompagnée d'un livre répertoriant les textes de ses chansons. S. A.