Les crèches et les jardins d'enfants pullulent un peu partout sur le territoire national. Théâtre de nombreux dépassements, ces structures sont au cœur de plusieurs polémiques. En effet, très peu d'entre elles respectent véritablement le cahier des charges. Trouver une «bonne» crèche pour sa progéniture n'est pas chose aisée de nos jours. Dans la majorité des crèches, les conditions d'accueil des petits enfants ne sont soumises à aucune norme de sécurité ou d'hygiène. Les témoignages ne manquent pas pour décrire une situation des plus chaotiques. «La plupart des crèches ne disposent même pas d'issues de secours ni d'aires de jeux […] Quant à la qualité de la nourriture, elle laisse vraiment à désirer», témoigne une mère de famille désappointée, qui a décidé de retirer son enfant d'une crèche déficiente. «A 6 000 dinars le mois, ce n'est pas donné», dit-elle. «C'est tout simplement de la pure arnaque, s'exclame-t-elle, car nous payons le prix fort sans être satisfaits en retour.» «C'est inadmissible, nos bambins ne sont plus en sécurité dans certaines crèches. Des gérants peu scrupuleux ne courent que derrière l'argent, ils ne veillent même pas à la nourriture des petits. Parfois, ils ne leur donnent pas à manger ou la nourriture est douteuse et déséquilibrée», affirme une autre maman, rencontrée au sortir d'une crèche, à Alger-centre. «L'espace qui fait office de crèche est bien trop exigu, les enfants ont du mal à s'épanouir dans de telles conditions», dit-elle, avant de déplorer le problème de la surcharge et celui de l'absence de règles de sécurité et de prévention sanitaire. Les parents dénoncent la gestion anarchique, la négligence et l'incompétence du personnel exerçant dans les garderies et sollicitent les pouvoirs publics pour mettre fin aux nombreuses dérives. «Bien souvent, le personnel ne dispose d'aucune qualification pour prendre en charge des enfants en bas âge», soulignent nos interlocutrices. Autant de griefs contre les crèches qui, pour la plupart, ne remplissent pas les conditions qui permettraient aux enfants d'évoluer dans un milieu sain tout en leur assurant un bon développement physique, affectif et mental. Selon les statistiques, sur les 500 crèches recensées à travers le pays, seulement 360 sont identifiées au fichier informatique du ministère de la Solidarité nationale. La majorité de ces structures activent dans des conditions opaques et échappent au contrôle de la Direction de l'action sociale d'Alger (DAS). Il arrive souvent que les agents des commissions de contrôle de ces établissements constatent la non-conformité de certaines crèches. «Dans certains cas, des garages ont été carrément transformés en centre d'accueil pour enfants en bas âge», signale-t-on. Pour mettre fin à cette anarchie, les pouvoirs publics ont élaboré des lois pour réglementer l'activité des crèches, en fixant des conditions spécifiques à leur création. Ainsi, un décret exécutif a été signé en septembre 2008 par le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, afin d'organiser ce domaine en vue d'assurer la protection des enfants. A la faveur de cette réglementation, l'autorisation d'exercer et d'ouvrir une crèche n'est délivrée qu'après étude du dossier par une commission désignée par la Direction de l'action sociale. Cette loi accorde une attention particulière à la formation des éducateurs, exigeant un niveau d'instruction égal à bac + 3. Il reste toutefois que la réalité est tout autre. Une grande partie de ces garderies est gérée par des personnes qui ne disposent d'aucune qualification ; le personnel d'encadrement, dont les éducateurs, n'ont pas reçu de formation spécifique pour prendre en charge des enfants non encore scolarisés ayant besoin d'une attention particulière. Des parents signalent des défaillances qui n'en finissent pas notamment dans les crèches privées, devenues un simple fonds de commerce, ne respectant aucune norme. «Les éducateurs ne sont pas compétents, ils sont agressifs et se comportent très mal avec les enfants», nous confie-t-on. Généralement, ils se contentent de «garder» les enfants sans leur assurer les activités pédagogiques ou les préparer à la scolarité qui restent du ressort de ce type de structures. Tout ce qui importe pour certains gérants malhonnêtes est le gain facile (entre 6 000 à 7 000 dinars par mois). Pourtant, comme le stipule la réglementation, la prise en charge au niveau de ces structures ne doit aucunement se limiter à nourrir l'enfant et à veiller à sa sécurité en l'absence de ses parents. Elle concerne surtout la formation pédagogique et sa préparation à la scolarité. La loi insiste également sur la formation pédagogique des éducateurs, la présence permanente d'un pédiatre et une nourriture saine et équilibrée fondamentale pour la croissance de l'enfant. Pour rappel, le ministère de la Solidarité a procédé à la fermeture de dizaines de crèches pour «non-conformité et non-respect des cahiers des charges». A. B.