La ville de Khenchela s'apprêterait à abriter un musée à la vocation très spécifique. Il s'agit du musée du tapis. Mieux, il sera sans doute et dans l'immédiat l'unique musée national ayant une telle vocation. Le projet sera matérialisé à hauteur de la commune de Babar, une région à vocation pastorale qui suppose forcément la présence incontestable et exceptionnelle de population animale (ovins) et forcément du produit qui l'habille, à savoir la laine. Le tissage de tapis est une activité qui remonte très loin dans le temps dans la région et il serait question, selon M. Righi Khelaf, directeur de la culture de l'existence de plusieurs «associations notamment féminines qui activent en ce sens pour préserver la tradition en ce sens et c'est d'ailleurs ce qui a motivé la décision du ministère de la Culture d'inscrire cette opération dans la commune de Babar (30 km au sud du chef-lieu de wilaya)». La notoriété du tapis de Babar a d'ailleurs dépassé non seulement les frontières de la wilaya de Khenchela mais aussi du pays dans la mesure où d'aucuns évoquent la consécration d'un tapis tissé dans la région, lequel aurait été primé en Allemagne en…1880 lors d'une exposition. Pour en revenir au projet, celui-ci a été décidé dans le cadre de l'opération de développement sectoriel dite «Hauts-Plateaux» de 2006 et il a été présenté au cours de la deuxième visite de la ministre en 2008 qui, très attentive à la proposition n'a pas manqué toutefois d'émettre des réserves, reprises donc dans leur quasi-totalité pour ne pas dire une reprise intégrale du projet où le fait saillant est l'extension du terrain d'assiette passé de 1 200 à 3 000 m2 et l'autorisation de programme initial évoluant de 60 à 190 millions de dinars. Comme son statut l'indique et en tant que musée national, celui de Babar accueillera les modèles de tapis d'autres régions réputées pour leur vocation comme le M'zab, Tlemcen, Ouled Hachem. La réalisation de l'ouvrage a été confiée à une entreprise locale et le démarrage des travaux sera entamé dès que des procédures administratives actuellement en cours, auront abouti. L'idée maîtresse de la création d'un musée du tapis est bien entendu sous-tendue par la nécessité de perpétuer d'abord une activité séculaire spécifique à la région et figurant dans l'ensemble des activités nationales qui forgent l'identité et la culture nationales, mais il sera également question de réfléchir et de trouver les solutions idoines à la préservation physique, la restauration d'un produit artisanal dont certains véhiculent une grande histoire. M. Righi, nous citant la disponibilité d'un tapis datant de 1920 insiste sur le fait que les descendants de ses concepteurs continuent d'accomplir ce sacerdoce jusqu'à ce jour, d'où «l'impérieuse nécessité de réfléchir très sérieusement à la préservation de tels témoins matériels de l'histoire. La laine est une matière organique vulnérable face à l'usure du temps s'il n'y a pas en face des conditions idoines d'entretien, voire de protection. Le musée du tapis ne se contentera pas d'une compilation de modèles mais aussi et surtout des voies et moyens de pérenniser l'âge de cet élément exceptionnel qu'est le tapis de Babar», ajoutera-t-il.Le musée devrait voir le jour dans un délai de deux années. Concluons enfin que l'activité artisanale en ce sens dans la commune de Babar et à partir de la laine ne se limite pas au tapis, il existe également ce qu'on appelle dans le jargon national «draga ou deraga» (tenture ou paravent) qui assure l'intimité familiale entre femmes et hommes dans les lieux conviviaux ou manifestations collectives le «hambel» (sorte d'édredon) et enfin le burnous et/ou kachabia.