La Fifa a été fondée en 1904 pour développer le football qui rapproche les peuples, les cultures et combat les guerres, les haines et le racisme. Ayant compris au fil des ans que le football est le sport roi par excellence, elle allait se travestir progressivement pour se transformer d'association à but non lucratif en multinationale mercantiliste où les enjeux financiers déterminent les comportements, les agissements, les votes et le fonctionnement. Ces agissement aux antipodes de l'esprit sportif et de ses objectifs ont été dénoncés dans beaucoup d'ouvrages de spécialistes comme John Sugden et Alan Tomlinson qui ont publié en 1998 un pamphlet intitulé Fifa and the contest for world football : who rules the people's game ? En 1999, David Yallop enchaîne avec un livre sans complaisance How they stole the game (comment ils ont volé le jeu), où il dénonce la gestion de Havelange. Andrew Jenning suit les traces de Yallop et publie en 2006 le fameux Carton rouge, où il dénonce la gestion de Blatter. Réalisant que les deux livres ont mis le doigt sur la plaie, la Fifa a tout fait pour empêcher leur parution, en vain. Depuis 2001, Thomas Hildbrand, juge d'instruction suisse et spécialiste en crimes économiques, s'est basé sur Carton rouge pour son enquête sur la société désormais en faillite ISL, partenaire de la Fifa, et sur cette dernière en raison de forts soupçons de détournements de fonds et de corruption. Depuis 2001. Ses investigations l'ont amené à perquisitionner dans les bureaux de la Fifa à Zurich en novembre 2005. En mai 2002 déjà, le secrétaire général de la Fifa, Michel Zen-Ruffinen, avait publiquement dénoncé les dysfonctionnements au sein de l'association de football et critiqué le «système Blatter». Un mois plus tard, il était contraint de démissionner. En 2006, la BBC diffuse un reportage où apparaissent d'anciens employés d'ISL confirmant le versement entre 1982 et 2001 de pots-de-vin aux dirigeants de la Fifa. Sepp Blatter refuse de participer à ce reportage, mais nie les faits. Les équipes de l'émission d'information BBC Panaroma sont mises à l'index par la Fifa, mais les journalistes britanniques de la BBC répliquent la même année en diffusant un reportage suivant l'affaire ISL/Fifa et dénoncent également des irrégularités dans les ventes des billets de match pour la Coupe du monde. BBC Panaroma poursuit sa série sur la Fifa avec un nouveau reportage diffusé en 2007. L'enquête a été bouclée en 2010 et aucune charge n'a été retenue contre la Fifa ou son président. On se demande pourquoi d'ailleurs. Pour faire bonne figure, la Fifa adopte, lors de son 56ème congrès en 2006, une charte d'éthique pour en faire l'une de ses priorités.Le thème général de cette campagne est de proposer une meilleure gouvernance et une meilleure transparence dans le monde du football afin de le protéger des dérives qui le menacent : relations entre fédérations et autorités publiques, propriété, influence et contrôle des clubs, transferts de joueurs, agents de joueurs, paris et harmonisation du calendrier, notamment. Ces opérations de charme cachent difficilement tout le mal fait au football et au sport d'autant plus que les plus grands bénéficiaires sont les multinationales alliées à la Fifa par le biais du sponsoring, de la publicité, des droits de retransmission télé et radio. Si l'Occident domine les instances de la Fifa et si les dinosaures de celle-ci sont toujours en poste, c'est aussi grâce à la complaisance des représentants des pays du Sud dont certains sont éclaboussés par des scandales liés à la corruption. Mais il n'y a jamais de corrompu sans corrupteur. A. G.