La désignation de la Russie et du Qatar comme pays organisateurs des Coupes du monde 2018 et 2022 de football a suscité des réactions de déception et de frustration chez les autres candidats en lice, particulièrement ceux qui étaient donnés favoris comme l'Angleterre et les Etats-Unis (2018 et 2022). Au lendemain de l'annonce par le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le triomphe de la Russie et du Qatar, premier pays arabe et musulman à dérocher un tel honneur, a été un coup dur pour l'Angleterre et les Etats-Unis, deux puissances mondiales. La victoire de la Russie a été vue comme une véritable humiliation et une honte pour l'Angleterre (les Anglais sont sortis au 1er tour avec seulement deux voix). La presse anglaise n'a pas accepté la défaite ; elle a rejeté avec virulence le choix de la Fifa, écrivant que le vote avait été «truqué» au détriment de la candidature anglaise. L'intense lobbying du Premier Ministre, David Cameron, secondé par le prince William et David Beckham, n'a finalement pas porté ses fruits. Le chef du gouvernement britannique n'a pas réussi à éviter des représailles et à rééditer le coup réussi par son prédécesseur, Tony Blair, qui avait arraché en 2005 pour Londres les JO 2012. Même colère du côté de la presse néerlandaise, qui s'en est prise au choix de la Fifa. Le constat a été également décevant pour les duos Portugal-Espagne et Belgique-Pays-Bas, candidats à l'organisation de la Coupe du monde 2018. Ainsi, des responsables politiques et sportifs espagnols et portugais ont affiché leur amertume face à l'échec de la candidature ibérique dans l'organisation du Mondial 2018, soulignant que la Fifa avait choisi de mener le football vers de «nouveaux territoires». «Nous sommes déçus, mais il faut accepter la défaite», a affirmé le secrétaire d'Etat espagnol aux Sports, Jaime Lissavetzky, depuis Zurich, après l'annonce par la Fifa des deux heureux élus, la Russie et le Qatar, pour organiser les Mondiaux de 2018 et 2022. «Il faut féliciter le vainqueur», a-t-il ajouté, avant d'assurer que l'Espagne «prendra sa revanche» en 2018, en «remportant la Coupe du monde en Russie». A propos des critères ayant dicté le choix du comité exécutif de la Fifa, il a affirmé qu'«il y a une sorte de mode pour les pays émergents, puissants». Mais «il faut respecter» ce choix, a-t-il ajouté. Le secrétaire d'Etat portugais aux Sports, Laurentino Dias, a, lui, estimé que la Fifa avait voulu privilégier de «nouveaux marchés» en choisissant la Russie et le Qatar. «La Fifa a décidé d'attribuer le Mondial à des pays qui n'ont jamais accueilli de compétition. C'est une option prise en fonction de nouveaux marchés», a-t-il indiqué, précisant que «c'est une option légitime que nous devons respecter et comprendre». Les responsables sportifs ont eux aussi souligné que le choix de la Fifa s'était porté sur des pays «où il n'y a jamais eu de Mondial». D'autre part, selon le président de la Fédération portugaise de football, Gilberto Madail, cette décision traduit «la volonté politique du comité exécutif de la Fifa de porter le Championnat du monde vers l'Est et le Moyen-Orient». Amère déception aussi pour les pays ayant perdu la bataille face au Qatar pour l'organisation de la compétition phare de la Fifa en 2022, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud et l'Australie. C'est donc un Barack Obama «frustré» qui a affirmé que la Fifa avait pris «une mauvaise décision en accordant au Qatar l'organisation du Mondial 2022, plutôt qu'aux Etats-Unis». Washington avait dépêché à Zurich l'ancien président Bill Clinton, président d'honneur du comité de candidature américain, et le ministre de la Justice, Eric Holder. La désignation du Qatar pour l'organisation du Mondial 2022 intervient 14 mois après l'échec de la candidature de Chicago (Illinois, nord des Etats-Unis) à l'organisation des jeux Olympiques d'été en 2016, ce qui avait été analysé par les observateurs comme un échec personnel de Barack Obama, lequel s'était rendu à Copenhague, où se tenait la session du CIO chargée d'attribuer les JO 2016, pour plaider en faveur de la candidature de son ancien fief politique. Le président de la Fédération australienne de football, Frank Lowy, s'est dit quant à lui «amèrement déçu» après l'élection du Qatar.Les Sud-Coréens ont eux aussi accueilli avec beaucoup de déception l'annonce de la Fifa octroyant l'organisation du Mondial 2022 de football au Qatar, certains accusant même le voisin du Nord d'avoir affaibli les chances du Sud après l'attaque meurtrière de la semaine dernière. Si certains pays ont sportivement accepté le choix de la Fifa, d'autres, en revanche, se sont laissés aller à des réactions de mauvais perdants. Tous n'ont pas eu la dignité de David Beckham qui a eu cette belle phrase : «La candidature de l'Angleterre ne pouvait pas être meilleure. Nous avons fait tout ce qui était possible. C'est décevant. Mes félicitations à la Russie et au Qatar. Ce sont des pays importants et je suis sûr que la Fifa en sera fière.» A. B.