Sur la cinquantaine de centres de dépistage volontaire (CDV) du sida qui existent officiellement, seule une vingtaine sont fonctionnels. C'est l'amer constat dressé par les infectiologues, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida, qui coïncide avec le 1er décembre de chaque année. De plus, les quelques centres opérationnels se heurtent au manque criant de moyens. A titre d'exemple, ces structures qui viennent à peine de bénéficier d'un statut et d'une réglementation ne disposent même pas de téléphone. Un appel a été d'ailleurs lancé au ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière pour prendre en charge ces CDV et assurer les moyens nécessaires afin de promouvoir la prévention et le dépistage du sida dans notre pays. Il est temps de réorganiser l'activité des CDV et de rattraper les défaillances. Le directeur de la prévention au ministère de la Santé avait d'ailleurs reconnu, le 1er décembre dernier, lors d'une rencontre à l'Institut national de santé publique (INSP) ne pas disposer de la liste complète des CDV au niveau national. Informer la population de l'existence des centres de dépistage volontaire et sur l'intérêt de faire le test doit être au cœur des politiques de prévention contre ce virus redoutable. Dans ce cadre, les spécialistes recommandent le dépistage mobile du sida, à l'instar des unités de transfusion sanguine, qui permettra d'aller vers différentes catégories de population dans les contrées les plus reculées du pays. Les spécialistes insistent, d'autre part, sur la sécurisation permanente des actes médicaux et thérapeutiques et la validation de protocoles de stérilisation des actes médicaux. Des praticiens ont même signalé l'existence, sur le marché national, de matériel à usage unique de mauvaise qualité, ne répondant pas aux normes de prévention et qui risque de mettre en péril la vie des praticiens, du personnel médical et des patients. Il a été également fait part de marques de gants chirurgicaux à usage unique, non homologuées, ne répondant pas aux normes universelles de prévention qui sont commercialisées dans notre pays sans aucun contrôle. D'où l'importance de mettre en place les protocoles d'aseptisation et de stérilisation du matériel médical et de respecter leur application rigoureuse dans les blocs opératoires, cabinets médicaux et dentaires ainsi que dans les salles de soins, publiques ou privées. C'est pourquoi, il est nécessaire d'obliger toutes les structures médicales, privées ou publiques, à se doter de matériels de stérilisation validés et certifiés afin de protéger le citoyen pour éviter la propagation du virus. Face à l'inefficience des actions menées par les pouvoirs publics, les associations de lutte contre le sida sont de plus en plus engagées dans la bataille contre le VIH. C'est le cas notamment de Aids Algérie qui mène des campagnes de dépistage et de sensibilisation auprès des catégories à risque, notamment dans le sud du pays comme Tamanrasset. Le problème de pénurie de médicaments est lui aussi soulevé. L'association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et de promotion de la santé évoque «les ruptures récurrentes» des médicaments. Selon elle, «il existe un dysfonctionnement dans les canaux de distribution et d'approvisionnement des médicaments, et de prévisions, engendrant ainsi des ruptures momentanées, comme ce fut le cas l'été dernier».Une situation qui devrait, à en croire le ministère de la Santé, être bientôt maîtrisée. C'est ce qu'a récemment affirmé M. Benmakhlouf Madjid, chargé du programme VIH sida, au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Il avait révélé que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) a désormais pour mission de répertorier les médicaments liés au VIH sida dans sa liste de traitements à acquérir, dans le but d'éviter toute rupture de stock. Selon ce spécialiste, «le ministère a signé, il y a près de deux mois, un arrêté permettant à la PCH d'intégrer les médicaments du VIH sida dans son stock, pour éviter des ruptures». Il a également fait part de la signature d'une circulaire pour «la mise en place de réseaux pour la prise en charge des malades». Par ailleurs, un appel a été lancé pour l'inscription du sida sur la liste des maladies chroniques en Algérie, permettant ainsi le remboursement des médicaments traitant cette pathologie. L'association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et de promotion de la santé interpelle les pouvoirs publics sur cette question qui relève d'une importance capitale. La trithérapie (protocole thérapeutique associant trois antiviraux permettant de ralentir la multiplication du virus dans l'organisme) est prise en charge gratuitement par l'Etat. Toutefois, a déploré le président de l'association, le Dr Skander Abdelkader Soufi «les médicaments liés aux problèmes des infections opportunistes (causant la plupart des maladies et des décès parmi les personnes atteintes du sida) ne le sont pas tous». Ainsi, a-t-il expliqué, «certains sont pris en charge par l'Etat à l'exemple de la tuberculose, d'autres ne le sont pas et c'est un fardeau pour les malades, notamment les cas d'infections cutanées (à répétition) qui coûtent très cher aux patients». A. B.