Le dépistage du sida est l'un des aspects importants dans la lutte contre le VIH sida. Or, tel qu'il a été pratiqué dans notre pays, il a été un véritable échec. C'est ce qu'a expliqué, hier, le Pr Youssef Mehdi, du service de médecine légale au CHU Mustapha. Il intervenait lors d'une rencontre scientifique, organisée à l'Institut national de santé publique (INSP), à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale contre le sida, sous le thème «Droits humains et accès universel à la prévention». Autant dire que les politiques du dépistage du sida ont montré leurs limites. Les différents intervenants ont insisté, hier, sur la nécessité de promouvoir le dépistage pour faire face à cette maladie dévastatrice. Le Pr Achour Amrane, du service des maladies infectieuses d'El Kettar, a plaidé pour le dépistage mobile du sida, à l'instar des unités de transfusion sanguine. Ces services ambulatoires permettraient de se rapprocher des différentes catégories sociales et des populations à risque. La promotion du dépistage constitue une intervention stratégique prioritaire dans les programmes de prévention du sida. Les associations activant dans le domaine jouent un rôle primordial dans la sensibilisation de la population, c'est le cas notamment de Aids Algérie qui a lancé, en collaboration, entre autres avec l'Union européenne, de larges campagnes de dépistage à Alger, Oran et Tamanrasset. «Toutefois, nous avons constaté le faible engagement des différents acteurs, comme les médecins et la police», a regretté M. Othmane Bourouba, président de l'association. L'inefficience des centres de dépistage volontaire (CDV) a, elle aussi, été soulignée. En effet, sur une cinquantaine de CDV existant au niveau national, très peu sont réellement opérationnels et la plupart manquent atrocement de moyens pour mener à bien leurs missions. Par ailleurs, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, a fait part, lors de l'ouverture de cette journée, de la signature de trois décisions ministérielles sur le dépistage précoce, de la disponibilité du traitement et de l'accompagnement psychologique et social des personnes atteintes du sida. Pour rappel, selon le rapport du laboratoire national de référence VIH sida de l'Institut Pasteur d'Algérie, le nombre cumulé de cas de sida est estimé à 1 118, alors que celui des séropositifs a atteint 4 745. Cependant, le nombre de cas recensés durant les cinq dernières années (2005-2009) est supérieur au nombre cumulé de cas enregistrés de 1985 à 2004. Ces chiffres démontrent clairement l'évolution inquiétante du sida dans notre pays. En l'espace de cinq ans seulement, le nombre de personnes infectées par le VIH a dépassé de loin celui déclaré en vingt ans. A. B.