De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Avec un cheptel estimé à 90 000 têtes de bovins, dont 45 000 vaches laitières, la wilaya de Annaba, sur les 36 millions de litres de lait produits par an, n'arrive à en transformer que 8% dans les trois laiteries implantées sur son territoire. En effet, la plus grosse quantité est revendue en l'état aux crémiers qui font de gros bénéfices sur le dos des éleveurs-producteurs. Cela implique des risques sur la santé des populations du fait de la consommation de ce produit qui ne subit pas de stérilisation pour éliminer les microbes et les bactéries nocives qu'il peut contenir. Des zoonoses peuvent se déclarer à tout moment parce que le cheptel bovin n'a pas fait l'objet de dépistage par l'inspection vétérinaire qui, normalement, devrait s'en occuper. La tuberculose bovine ou encore la brucellose, par exemple, sont des maladies qui affectent les bovins et qui peuvent se transmettre à l'homme par la consommation de la chair ou du lait de l'animal atteint. Ce qui avait amené les autorités à prendre, par le passé, un certain nombre de mesures dont la nécessité d'un agrément sanitaire délivré par les services de l'inspection vétérinaire sur la base d'un dépistage effectué sur le cheptel des exploitations. Pour encourager les éleveurs à souscrire à cette opération, le ministère de l'Agriculture a soumis les subventions et soutiens accordés par l'Etat pour la filière lait à l'agrément en question. Au départ, l'adhésion de la corporation a été plus ou moins satisfaisante, mais dès l'abattage des bêtes atteintes, les éleveurs se sont rétractés, et ce fut le retour à la case départ. Une autre formule avait été trouvée pour amener les producteurs à livrer leur lait à la transformation mais, elle aussi, sans résultat. Il s'agit d'une simple attestation délivrée aux éleveurs par un vétérinaire. Le document en question ouvre droit aux subventions. Un autre problème est venu freiner cette opération ; il s'agit des crémiers qui se sont dressés comme partenaires incontournables dans cette filière qui n'arrive pas à décoller malgré la batterie de mesures incitatives élaborées. Ces derniers se déplacent au niveau des exploitations pour acheter la totalité de la production au prix fort, en plus des aides sous forme de prêts aux producteurs. Ceux-ci, confrontés aux dépenses multiples - alimentation du bétail, équipements et autres frais inhérents à l'élevage - sont souvent dans le besoin. Les crémiers en profitent pour leur prêter l'argent nécessaire, pour ensuite exercer des pressions et les amener à leur vendre leur produit.