Photo : M. Hacène Par Samira Imadalou En visite en Algérie, l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste français, François Hollande, a eu des entretiens hier avec le président du Conseil national économique et social (CNES), M. Mohamed Seghir Babes. Le devoir de mémoire a été la principale question abordée dans les discussions entre les deux parties. M. Babes a beaucoup insisté sur ce dossier. Saluant la position de François Hollande concernant cette question sensible, le président du CNES a appelé à reconnaître le passé colonialiste de la France et à respecter le devoir de mémoire. «C'est décisif, c'est une exigence éthique, morale et officielle», dira M. Babes à la fin de la réunion qui l'a regroupé avec la délégation du PS au siège du CNES. Et de s'interroger : «Qu'est-ce qui se passe pour qu'un pays soit excepté d'un devoir de mémoire ?» Pour M. Babes, il y a lieu d'abord de régler cette question pour passer à une autre étape dans les relations algéro-françaises et aller à la construction bilatérale. Pour sa part, François Hollande, qui n'a pas été trop bavard sur ce sujet, dira : «Le devoir de mémoire n'est pas simplement une façon de se parler mais une façon d'agir et d'ouvrir un autre temps.» Ce n'est pas la première fois que le CNES se penche sur les relations algéro-françaises. Il l'a déjà fait lors de précédentes réunions avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE) français à Alger et Marseille (six tables rondes ont réuni les deux parties). Toujours, selon M. Babes, c'est l'une des questions qu'il y a lieu d'aborder au sein de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS). «Il faut faire de l'AICESIS un espace de dialogue et non un club», estime à ce sujet le président du CNES qui n'a pas manqué d'aborder la situation dans les territoires sahraouis. «A nos frontières, il y a encore un pays colonisé», fera-t-il remarquer, invitant l'AICESIS à débattre de cette situation et de bien d'autres dossiers qui sont d'actualité sur la scène internationale, à l'image de l'Union pour la méditerranée (UPM) qu'il qualifiera de «processus plombé». Sur le plan économique, le député de l'Assemblée nationale française a abordé avec le président du CNES les moyens de préparer l'après-pétrole en Algérie. «Ici, en Algérie, vous devez réfléchir à l'après-pétrole.» Ce que partage M. Babes en rappelant justement la nécessité de diversifier l'économie et en revenant dans ce sillage sur le travail que fait le CNES en matière d'évaluation des politiques publiques. Il reconnaîtra qu'en dépit de l'excédent monétaire enregistré en Algérie, les méthodes d'utilisation efficace des ressources font défaut dans un pays qui est toujours en transition économique. A noter enfin que le CNES présentera prochainement la note de conjoncture pour 2010. M. Hollande a également rencontré le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem. Dans un point de presse qu'il a animé à l'issue de la rencontre, M. Hollande déclarera sans ambages que le devoir de mémoire est un travail qu'il faut mener «sans rien craindre». Le fait colonial doit être condamné «sans réserve» pour que l'Algérie et la France puissent avancer ensemble dans leurs relations de coopération.