L'ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a lancé un appel pour un nouveau comptage «objectif» des bulletins de l'élection présidentielle du 28 novembre contestée en Haïti, à ses yeux vital pour le redressement du pays le plus pauvre du continent. «Ils [les membres de la commission électorale] sont tombés d'accord, je pense, pour revoir les votes avec des observateurs objectifs et informés», a déclaré Bill Clinton après avoir co-présidé une réunion en République dominicaine sur la reconstruction du pays. «Je pense que cette procédure devrait offrir au peuple haïtien le meilleur moyen d'accepter le résultat», a-t-il dit. «Nous avons besoin d'une vue objective de ce comptage.» Des manifestations violentes, qui ont fait plusieurs morts, ont éclaté au lendemain du premier tour des élections présidentielle et législatives, contestées par les partisans du chanteur populaire Michel Martelly, non qualifié pour le second tour. Selon les résultats préliminaires de la présidentielle, le deuxième tour devrait opposer l'ex-première dame Mirlande Manigat, arrivée en tête, et le candidat du pouvoir, Jude Célestin. Face aux accusations de fraude, le Conseil électoral provisoire (CEP) a annoncé une procédure d'urgence de vérification des résultats, qui concerne uniquement les trois candidats arrivés en tête, procédure refusée par Michel Martelly et Mirlande Manigat. Michel Martelly propose d'organiser une nouvelle consultation à un seul tour avec les 18 candidats du premier tour. Selon Bill Clinton, une présence internationale plus importante est nécessaire pour surveiller le nouveau comptage des voix afin que le peuple haïtien accepte la légitimité des résultats et que la communauté internationale soit disposée à soutenir le gouvernement pour reconstruire le pays. L'ex-président américain est très engagé dans la reconstruction d'Haïti, dévasté par le séisme du 12 janvier qui a tué plus de 250 000 personnes et touché par une épidémie de choléra depuis plus de deux mois. Il copréside avec le Premier ministre d'Haïti Jean-Max Bellerive la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH), chargée de gérer les 10 milliards de dollars promis à Haïti par la communauté internationale. Il a exprimé sa frustration face à la lenteur du processus de reconstruction, lors de la réunion, mardi dernier, de la CIRH, déplacée en République dominicaine en raison des violences post-électorales. Le président sortant René Préval, à qui la Constitution interdit de se représenter, a sollicité mardi l'aide de l'Organisation des Etats américains (OEA) afin qu'elle envoie des experts chargés de soutenir le processus électoral. «Face aux difficultés issues du premier tour des élections et dans le souci de rassurer tous les acteurs, le président de la République a sollicité de l'OEA l'envoi de deux missions techniques». Les deux missions, la première chargée d'aider à la vérification du comptage des votes et la seconde de fournir une assistance légale aux recours déposés par les candidats, étaient attendues à Port-au-Prince. Les résultats définitifs du premier tour doivent être annoncés le 20 décembre et le deuxième tour doit être organisé le 16 janvier.