La visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao en Inde avec une importante délégation d'hommes d'affaires est la première depuis cinq ans. Consolider des relations ébranlées par des désaccords commerciaux et territoriaux est l'objectif affiché par Pékin et New Delhi. Wen Jiabao et son homologue Manmohan Singh ont tenu à assurer que le monde était «assez grand» pour permettre la croissance et l'ambition concomitantes des deux géants asiatiques. Les relations entre les deux pays «continent» se sont toujours caractérisées par une méfiance mutuelle. Les tensions commerciales liées à la concurrence pour l'accaparement des marchés mondiaux de matières premières ont contribué au raidissement des rapports. La forte croissance des deux économies a exacerbé un différend constamment différé : les frontières communes. A la veille de la visite de Wen Jiabao, l'ambassadeur chinois en Inde, Zhang Yan, qualifiait leurs relations bilatérales de «fragiles» et préconisait «une attention particulière». Les deux pays ont plus à gagner dans un travail mutuel qu'à se regarder en chiens de faïence. Fidèle à la politique pragmatique de Pékin, le Premier ministre chinois est accompagné d'une délégation forte de 400 hommes d'affaires. Un enthousiasme qui se veut efficace et qui dépasse nettement les visites antérieures de ses prédécesseurs en Inde. Il faut dire que les relations économiques entre la Chine te l'Inde sont en plein essor. D'ailleurs Wen Jiabao devrait assister à un sommet économique de première importance. Et la politique ne sera pas bien loin. Jiabao rencontrera le Premier ministre indien pour des discussions qui devraient aborder leurs conflits territoriaux le long de la chaîne himalayenne. Le contentieux est responsable d'une brève guerre sanglante en 1962 entre les deux pays. D'autres différends sont toujours en suspens. La Chine avait fermement condamné, l'an dernier, la visite de Manmohan Singh et du dalaï-lama dans l'Etat de l'Arunachal Pradesh (nord-est), que Pékin revendique dans son intégralité. Ainsi, à l'occasion de la visite du Premier ministre chinois, des centaines de Tibétains en exil ont manifesté à New Delhi contre l'administration chinoise au Tibet. Les manifestations sont à l'actif du Congrès des jeunes Tibétains, un mouvement prônant l'indépendance de cette région himalayenne contrôlée par Pékin. En plus des milliers d'exilés tibétains, l'Inde abrite surtout leur leader spirituel, le dalaï-lama. Ce dernier vit à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, depuis sa fuite du Tibet en 1959. D'autres motifs de discorde planent aussi sur les relations bilatérales entre la Chine et l'Inde. Pékin voit d'un mauvais œil la demande indienne d'obtention d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. M. B.