Le Premier ministre chinois entreprend aujourd'hui une tournée en Grèce, Italie, Turquie et Belgique, où il participera aux sommets Asie-Europe (Asem) et UE-Chine, au moment où l'Europe craint d'être marginalisée avec la nouvelle donne créée par l'émergence de la Chine. Les points forts du périple de Wen Jiabao, du 2 au 9 octobre, sont le 8e sommet de l'Asem à Bruxelles et, dans la foulée, le 13e sommet UE-Chine. «Du point de vue européen, ces sommets sont l'occasion de montrer que l'Europe a encore un rôle à jouer et qu'elle ne se laissera pas mettre sur la touche», estime Jonathan Holslag, chercheur au Brussels Institute of Contemporary China studies (Biccs), alors que l'UE redoute de voir l'Asie, Chine en tête, de plus en plus tournée vers les Etats-Unis. Par ailleurs, les quatre pays accueillant M. Wen sont soucieux d'attirer les investissements d'une Chine sortie la tête haute de la crise mondiale. A commencer par la Grèce, pays économiquement sinistré où M. Wen entame aujourd'hui son périple. La Chine a déjà deux concessions de terminaux au port du Pirée et est prête à investir des milliards d'euros en Grèce, sa porte d'entrée pour les Balkans. «Ce sera la première visite d'un chef de gouvernement en 24 ans», a déclaré mardi la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères Fu Ying. M. Wen doit s'entretenir avec son homologue Georges Papandreou et s'adresser demain au parlement. Evoquant «les accords qui pourraient être signés», Mme Fu a evoqué les «vastes les liens commerciaux dans le transport et les affaires maritimes». Les 4 et 5 octobre à Bruxelles, M. Wen doit participer au sommet de l'Asem qui regroupe 48 membres - les 27 de l'Union européenne, les 10 de l'Association des nations du Sud-Est asiatique et notamment la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde - et va accueillir la Russie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. «L'ASEM offre une possibilité à l'Europe et à l'Asie de cesser de s'éloigner l'une de l'autre», a estimé cette semaine l'European Policy Center à Bruxelles. Au menu de la réunion bisannuelle, figurent la promotion d'une croissance équilibrée et durable, la réforme du système financier mondial, le climat et la paix, a indiqué Mme Fu Ying. Le sommet UE-Chine abordera également, selon des sources chinoises et européennes, la sortie de crise, et les dossiers bilatéraux épineux: droits de l'Homme, commerce et yuan, dont Bruxelles, comme Washington, critique la sous-évaluation. Mme Fu Ying s'est félicitée de «la remarquable croissance du commerce Chine-UE» (+30% sur les huit premiers mois de l'année, à plus de 300 milliards de dollars) et a souhaité que le sommet «marque un nouveau départ dans les relations Chine-UE». «Sans aucun doute, Wen va donner un signal fort selon lequel l'UE compte encore pour Pékin, en dépit de ses défis économiques et institutionnels», estime M.Holslag. La Chine, qui ne veut pas d'un tête-à-tête avec les Etats-Unis, continue de voir l'Europe comme un utile contrepoids, mais les progrès du partenariat apparaissent décevants. «Les Européens trouvent que la Chine devient arrogante, et les Chinois que l'Europe s'affaiblit et se replie sur elle-même», dit M.Holslag. A Bruxelles, Wen Jiabao doit rencontrer son homologue belge Yves Leterme et «d'importants documents» être signés, notamment dans l'énergie nucléaire et les télécoms. En Italie où il s'entretiendra le 7 octobre avec son homologue Silvio Berlusconi, M.Wen doit signer un plan d'action» pour un dialogue politique et économique élargi. En Turquie le lendemain, il parlera avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan de la coopération des deux économies émergentes. Une dizaine d'accords sont attendus (énergie, transport, télécoms, commerce et culture).